De la soul

Né du succès du film éponyme d'Alan Parker, le groupe The Stars from The Commitments entretient sa propre légende depuis près de 20 ans, et demeure le meilleur représentant international de la soul dublinoise. Le seul, également. François Cau


Si les liens entre musique et cinéma ne sont plus à prouver, y compris aux plus sceptiques et malhonnêtes d'entre vous, rares sont les groupes à être issus d'un long-métrage. On citera tout de même ces admirables zigotos de Spinal Tap, la bande de comiques britanniques ayant donné vie aux métalleux has been du génial mockumentaire de Rob Reiner le temps de quelques tournées, ou encore les innombrables enfants bâtards des Blues Brothers, dont la plupart sont certifiés copies conformes sur la seule foi de leur chapeau, leurs lunettes de soleil et leur costard. Juste entre les deux, on trouve donc The Commitments : dans la foulée du monstrueux plébiscite public du film d'Alan Parker en 1991, deux des acteurs / musiciens (le batteur Dick Massey et le bassiste Kenneth McCluskey, parfois entourés d'autres membres du casting original) décident de poursuivre l'aventure et de se lancer dans une tournée. 19 ans et quelques 1500 shows plus tard, ce qui n'était à l'origine qu'une bravade adorablement opportuniste est quasiment devenu une institution. Âmes en stock
Au début des années 90, Alan Parker inspire légitimement la défiance des cinématographico-mélomanes : même s'il a donné vie aux élucubrations floydiennes avec The Wall, il est également responsable du kitschissime Fame… C'est ainsi avec une légère appréhension qu'on le voit s'emparer du roman de l'incontournable auteur irlandais Roddy Doyle, The Commitments, le premier de sa plus fameuse trilogie (les deux autres opus, The Snapper et The Van, seront adaptés au cinéma par Stephen Frears). L'hilarant récit, dans une cité de Dublin en pleine récession économique, d'un groupe d'amateurs réuni par l'ambitieux Jimmy Rabbite via une simple annonce dans le canard du coin («Have you got soul ?»). Une fois tous les fans de Sinead O'Connor, U2 et Led Zeppelin évacués, Rabbite trouve le nom du groupe («Tous les bons groupes des années 60 étaient des groupes en “The“» - la leçon a été retenu depuis !), et impose à ses membres un régime strict de James Brown, Otis Redding, Smokey Robinson et Aretha Franklin. «La soul est le rythme du sexe, le rythme de l'usine, le rythme du travailleur». So fucking be it : ce rassemblement de prolétaires et leur success story bordélique, à laquelle Alan Parker rajoute une solide assise sociale, fédère un public de fans toujours actifs aujourd'hui. I feeeeeeeeeeeeel good
De fait, The Commitments est un modèle de ce qu'on appelle un “feel-good movie“, en d'autres termes, un film qui donne une pêche monumentale grâce au parcours de ses héros, et ce en dépit d'une conclusion frustrante d'un point de vue artistique. Face à l'engouement populaire suscité par le film, Massey et McCluskey font donc mentir son épilogue, qui voyait le groupe se séparer à l'apogée de son efficacité musicale. Ils s'entourent d'une solide formation et entament ainsi trois tournées anglaises à guichets fermés. Suivront l'Europe, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, des plateaux partagés avec BB King, Little Milton, Wilson Pickett, James Brown. Preuve que la soul, fut-elle originaire de Dublin, touche encore et toujours le cœur d'un nombre invariable d'aficionados à travers le globe. Tout comme le film d'Alan Parker, qui a été élu en 2005 le meilleur film irlandais de tous les temps par quelques 10 000 votants… Le groupe viendra jouer son irrésistible répertoire de reprises ce samedi à Uriage, avec ses deux vedettes précitées en tête d'affiche. Donc, pour ce qui est du programme : on se rattrape gentiment le film vendredi soir, on s'endort avec la banane, on passe la journée du lendemain à s'écouter ses standards soul préférés, et on se rend, sans sommations, au parc d'Uriage pour le live gratuit des Commitments. Histoire de se garantir une bonne semaine de feeeeeeeeeeeeeling good. The Stars from The Commitments
Samedi 4 septembre, au Parc d'Uriage dans le cadre d'Uriage en Voix


<< article précédent
Be bad !