Fiançailles théâtrales

Et si le Théâtre 145 et le Théâtre de Création étaient gérés par un collectif de compagnies grenobloises ? C'est ce qui semble se dessiner pour l'année prochaine nous explique la municipalité grenobloise. En attendant, cette saison servira de transition. Aurélien Martinez


Les Barbarins fourchus, qui ont élu domicile au Théâtre 145 depuis une dizaine d'années et s'occupent de la ligne artistique du lieu, ne seront plus dans les murs du théâtre à la fin de cette saison qui s'annonce. Ce choix, effectué par la Ville de Grenoble, préfigure le petit bouleversement au niveau culturel qui va s'opérer quartier Berriat. Car à deux pas du Théâtre 145 se trouve le Théâtre de Création, programmé par la Ville elle-même et dédié, comme son nom l'indique, aux jeunes créateurs du spectacle vivant. Selon les informations que les acteurs en place veulent bien nous délivrer à l'heure actuelle, les deux lieux seraient regroupés sous l'égide du Théâtre Municipal, et gérés indépendamment par un collectif de compagnies grenobloises. «Nous avons souhaité nous reposer la question, non pas d'arrêter les Barbarins au 145 puis de finalement donner les clés à une autre compagnie par un simple jeu de chaises musicales, mais plutôt de réfléchir à un outil de travail pérenne, qui serve à la fois les artistes dans les différents temps de travail et de représentation, et le public, grâce un véritable lieu de rencontre : non plus seulement à travers les représentations, mais aussi avec tout un travail de médiation culturelle» nous explique Éliane Baracetti, l'adjointe à la culture du Maire de Grenoble. «Il s'agit donc du Théâtre 145 et du Théâtre de Création [avec la Salle Noire – NDRL], sachant que la Ville apporte dans la corbeille des mariés les aspects logistiques et financiers, puisqu'il y avait des enveloppes prévues pour les lieux qui continueront de courir».« Trop tôt »
L'idée, sur le papier, paraît séduisante. Les Voisins du dessous de Pascale Henry, la Compagnie Serge Papagalli, les Veilleurs d'Émilie Le Roux, l'Atelier de Benjamin Moreau... (liste loin d'être exhaustive !) : de nombreuses compagnies, plus ou moins solides, sont basées à Grenoble. Certaines ont une assise nationale ou régionale forte, d'autres sont reconnues au niveau local, alors que d'autres encore, plus fragiles, semblent se chercher. Mais toutes dépendent des programmateurs, qui misent (ou non) sur elles. Des fidélités s'installent avec les salles, des metteurs en scène tournent beaucoup, d'autres galèrent. «C'est bien que les compagnies puissent travailler ensemble, puissent faire vivre un lieu, chacune avec son esthétique, ses problématiques… C'est une vraie responsabilité. Et ça nous intéresse de pouvoir communiquer avec ceux qui décideront de rejoindre cette fédération de compagnies» assure Mme Baracetti. La municipalité affirme vouloir laisser à ces compagnies locales le soin de s'organiser elles-mêmes, avec l'aide de Valère Bertrand, créateur du Pot-au-Noir (lieu ancré dans le territoire du Trièves). Ce qu'elles font. On a ainsi cherché à les rencontrer, pour savoir qui en était et pourquoi : trop tôt, le projet n'est pas encore abouti. Les metteurs en scène ne souhaitent pas encore dévoiler leur jeu, eux qui sont «attendus par la municipalité et la profession». Mais promis, ils reviendront vers nous au moment venu. Merci.Qui est in ? Qui est out ?
Pour cette saison de transition donc, le Théâtre de Création a été rattaché au Théâtre Municipal, qui s'est ainsi vu confier temporairement la programmation par la Ville. Et le Théâtre 145 sera encore géré par les Barbarins pour une ultime saison. Des Barbarins qui, pour l'heure, ne savent pas où ils seront l'année prochaine, comme nous le confie Jean-Luc Girardini, l'administrateur de la compagnie : «On n'a pas d'assurance quant à la poursuite de notre projet. On nous a fait une proposition pour occuper la Salle Blanche [dans les anciennes usines Cémoi, à côté de la Salle Noire – NDLR], mais qu'on a dû refuser car on ne pouvait pas y accueillir du public. On demande donc un nouveau lieu dans le quartier, où l'on puisse recevoir le public». Leur appel à soutien lancé en février dernier, pour la poursuite de leur projet dans le quartier Berriat/Saint-Bruno, avait ainsi recueilli plus de 4 000 signatures (transmises au Maire en avril dernier). «Pourquoi pas la Salle Noire alors ?» Dans cette idée, les Barbarins travailleraient donc avec le nouveau collectif. «Les deux projets ne sont pas exclusifs et peuvent s'articuler intelligemment» assure Jean-Luc Girardini, qui va bientôt rencontrer le collectif. Affaire à suivre…


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