Profession de foi


Qu'est-ce qui fait un bon producteur de house music ? Une bonne maîtrise technique ? Sans doute. Une érudition sans faille ? Ça peut aider. Mais avant tout, du vécu, du vécu, et encore du vécu. Et ça, Marcus Lambkin alias Shit Robot, figure de l'ombre du célèbre label new-yorkais DFA, 40 ans au compteur, en a à revendre. C'est ce qui donne à son premier album (From The Cradle To The Rave, sortie prévue dans quelques jours), cette intensité incontestable, au-delà de sa liste de guest-stars affriolante, et de ce grain analogique inimitable spécifique aux sorties du label. C'est également ce qui fait l'authenticité de ses DJ-sets imparables, à mi-chemin entre techno, house et disco vintage. Mais revenons au commencement. Marcus a grandi à Ballybrack dans les années 80, un quartier sinistré de Dublin plombé par la consommation d'héroïne, le crime organisé et l'absence de travail. « Un putain de tiers-monde virtuel », pour reprendre les termes de l'intéressé. Autant dire que l'arrivée de l'acid-house, à la fin de la décennie, fait pour lui office de véritable échappatoire. Porté par ce vent de changement, il s'installe à New York au tout début des années 90, et fait ses premiers pas dans le deejaying aux platines du Brownies, devant un auditoire dépassant rarement les 15 personnes, mais peuplé de freaks déjantés. Progressivement pourtant, le succès arrive, et les soirées de Marcus deviennent le dernier endroit à la mode. À son grand désespoir. « C'était MTV à mort, house commerciale, bouteilles de vodka sur les tables, et ça a bouffé mon âme ». Il pense à arrêter. Sa renaissance va venir de sa rencontre – impromptue - avec James Murphy, créateur de LCD Soundsystem et du label DFA. Aux côtés de ce dernier, il lance au début des années 2000 les soirées Shit Robot, mixant sans œillères house vintage, électro, punk, synthpop. Et regagne la foi. Il se lance dans la production, s'expatrie en Allemagne, et progressivement, assemble les pièces qui vont donner naissance à ce premier album. Auquel on souhaite un succès sans ambages, parce que franchement, ce type le mérite amplement. Damien GrimbertShit Robot et Le Bateau Ivre
Samedi 25 septembre au Bar MC2.


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