La classe sud-africaine

Leur troisième album, Pick a dream, a confirmé aux derniers sceptiques qu'il fallait compter avec le hip hop de Tumi & The Volume. Ça tombe bien, ils sont de passage ce jeudi à la Maison de la Musique de Meylan. FC


N'ayons pas peur des mots : Tumi & The Volume, dans le paysage forcément éclaté et pas toujours facile-facile du hip hop mondial, fait figure de formation unique. Déjà, même les moins observateurs d'entre vous l'auront remarqué, ce groupe sud-africain né à Johannesburg est composé de deux musiciens noirs et de deux musiciens blancs, ce qui, dans un pays pas encore débarrassé des remugles malsains de l'Apartheid, est forcément appréciable voire courageux. Ensuite, même s'il ne rechigne pas sur l'utilisation occasionnelle de samples, le groupe fonctionne surtout sur la sacro-sainte configuration voix / guitare / basse / batterie. Enfin, last but not least, contrairement à 95 % de leurs petits camarades du rap dit “conscient“, les sbires de Tumi & The Volume ne se contentent pas de blâmer les autorités / les USA / le capitalisme sauvage, mais en appellent dans leurs textes à la responsabilisation personnelle pour sortir du repli sur soi, de l'individualisme forcené tellement caractéristique de nos sociétés dont ils ont pu observer, impuissants, l'émergence puis la prédominance en Afrique du Sud. Ce qui vaut mieux que n'importe quelle diatribe pseudo revendicative de rappeurs rejetant le système avec une Rolex au poignet (pour bien montrer qu'ils ont réussi leur vie).Bon, et la musique dans tout ça ?
Faudrait pas non plus s'enfermer dans l'imposture critique tendant à exagérer les qualités esthétiques d'un projet pour son engagement, sa relative originalité ou son passif. Non, là, on vous parle d'un groupe qui non content de tenir la route, redéfinit une nouvelle et fraîche façon d'en extraire les pavés. Leur petit dernier, Pick a dream, construit comme une succession d'histoires vont chopant dans leur univers en dix secondes chrono, est leur opus le plus abouti, celui où le flow imparable de Tumi prend le plus d'ampleur, où les musiciens semblent le plus prendre leur pied, où le groove claque le plus, tout en alignant des lyrics bien senties - ce qui, à une époque où Eminem remixe Haddaway, n'a pas de prix. Et d'après ce qu'on a pu voir de leurs performances scéniques, la formation fait preuve d'une aisance encore plus marquée que sur leurs galettes à passer d'un registre à l'autre avec une élégance tout ce qu'il y a de plus jazzy. Tumi & The Volume
Samedi 2 octobre à 20h, à la Maison de la Musique de Meylan.


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