Hey Joe

En allant voir Joe Jackson ce samedi à la MC2, ne vous attendez pas à l'un de ces gros raouts nostalgiques des années 80. Nope, vous aurez affaire à un compositeur / interprète exigeant, aussi humble que passionné par sa discipline artistique. FC


Il y a trois sortes de réactions à l'annonce du concert de Joe Jackson à la MC2. Une petite minorité qui le confond avec son plus célèbre homonyme et s'inquiète quand même un peu de voir le père de Michael Jackson monter sur la scène du Grand Théâtre, un nombre plus imposant de personnes ayant vécu leurs premières boums dans les années 80 et exultent comme c'est pas permis, et enfin la majorité silencieuse qui ignore de qui il s'agit. Faut dire que le bonhomme, discret et peu expansif médiatiquement, pas franchement sexy avec son front proéminent et ses looks même pas assez détonants, n'est pas du genre à entretenir sa légende par quelques coups d'éclat commerciaux. Il sait que sa longévité dans le milieu tient à ses tubes des eighties (en tête desquels on retrouve Steppin'Out, que vous avez forcément déjà entendu, fut-ce par accident), qui se sont vus offrir une seconde jeunesse en se retrouvant sur la pléthorique bande-son du jeu GTA Vice City, et qu'il reprend sur scène sans regimber. Même quand il participe au disque de William Shatner (yep, TJ Hooker en personne), le bien nommé Has Been, en reprenant avec lui le Common People de Pulp dans une version qu'on qualifiera de déconcertante pour rester poli, on sent que l'exercice l'amuse plus qu'il ne le stimule. Fumant
Le truc, c'est que Joe Jackson est un artiste entier, qui fait passer la musique avant tout, et surtout avant la gloriole. Incorrigible au dernier degré, quand il sort son autobiographie en 1999 (A Cure for Gravity), on n'y trouve nulle trace de ce qui fait vendre habituellement ce genre d'opus : pas de sexe, pas de drogue, juste une analyse poussée, honnête et assez passionnante pour les mélomanes, de son approche du médium musical, de ses méthodes de composition, qui expliquent de façon quasi sacerdotale ses orientations jazz, pop et parfois expérimentales des dernières années – Jackson n'y évoque même pas sa consécration au début des années 80. Qu'on ne s'y méprenne pas : Joe sait ce qu'on attend de lui quand on vient le voir, et interprète ses titres les plus connus sans condescendance, mais dans des arrangements surprenants, synchrone avec ses préoccupations musicales du moment. Ce clopeur invétéré n'est en effet pas du genre à donner dans la nostalgie muséifiée, et ne regrette qu'une seule chose dans son parcours : le temps où l'on pouvait fumer dans les lieux publics… Joe Jackson
Samedi 16 octobre à 19h30, au Grand Théâtre de la MC2.


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Clarika