Sans même se noyer


Le cinquième et dernier opus de Syd Matters est simplement délicieux à écouter. Si, comme tous les autres, nous n'hésitons pas à nous complaire dans des superlatifs et des assertions de ce genre, c'est que le groupe a atteint un tel niveau d'accomplissement musical, d'originalité débridée et corsetée à la fois, veloutée et ondoyante, parsemée de repères mélodiques à l'efficacité étourdissante, que chacun se sent légitime de balancer sa tonne d'adjectifs sans crainte du ridicule. Brotherocean, référence directe à la trilogie Frère Océan de Romain Gary, se fait l'écrin de morceaux ensorceleurs, à la dynamique pop brodée d'harmonies vocales en surimpression d'une toile instrumentale majestueuse et plus précise qu'une horloge (on pense à Hi life ou Wolfmother). D'autres titres s'offrent avec l'évidence du génie, puisant dans l'immédiateté de la reconnaissance sensorielle et ô combien personnelle : River sister réinvente l'arpège inextinguible pour mieux orner la voix sublime de Jonathan Morali, quand I might float accomplit le miracle de sembler provenir de notre propre conscience, usant du média musique avec une telle virtuosité qu'il s'efface pour engloutir l'auditeur. La présence d'H-Burns et de son folk dylanien donne à la soirée un charme plus terrestre, à la grâce de ce vagabond des routes disposé à redoubler l'extase des eaux tumultueuses de Syd Matters. Jamais décevant en live, fort de trois albums presque égaux en qualité, le groupe drômois actuellement en résidence au Ciel nous enchante autant que la dernière fois que nous l'avons évoqué ici même. On nous a soufflé à l'oreille que les deux groupes se connaissent, et nous honoreront sans doute de morceaux joués en commun. Reste une question : comment diable exprimer le pur bonheur qui nous envahit à cette pensée ? Laetitia Giry

Syd Matters + H-Burns
Mercredi 20 octobre au Théâtre en Rond (Sassenage), dans le cadre du festival Rocktambule.


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La traversée du temps