Le Royaume de Ga'Hoole

De Zack Snyder (ÉU, 1h39) animation


Un film d'heroïc fantasy avec des hiboux en images de synthèse et en 3D par le réalisateur de 300 et Watchmen : la curiosité face à ce Ga'Hoole était goguenarde, mais réelle. Soit une famille de chouettes dont les deux frères sont enlevés par des hiboux fascistes : l'un deviendra soldat, l'autre refusera sa condition de travailleur forcé et s'échappera pour rallier le mythique Royaume de Ga'Hoole et y devenir un gardien, garant de la liberté et du respect des faibles. À partir de là, plusieurs conclusions s'imposent : le cinéma d'animation pour enfants a manifestement cette année des choses à dire sur le totalitarisme et le système concentrationnaire. Après Toy story 3, Ga'Hoole expose quelques visions glaçantes, notamment celle de ces jeunes chouettes au regard vide qui cherchent du métal dans les pelotes rejetées par les hiboux ; l'enfant esclave de la merde fabriquée par les adultes ? Dès que Snyder quitte cette part sombre du récit, il s'égare dans l'éternel jargon de l'heroïc fantasy, avec des dialogues indigestes que seul un geek peut entendre sans développer une grosse migraine. Il faut attendre la dernière demi-heure pour que le cinéaste retrouve sa virtuosité et une ampleur wagnerienne à travers la peinture de la guerre sans merci que les deux clans vont se livrer. On gardera par exemple longtemps en tête le regard mélancolique de Soren, le «bon» frère, comme anéanti par la découverte de sa propre violence. Mais Ga'Hoole confirme surtout une chose : Zack Snyder n'est pas un auteur, juste un illustrateur (brillant, peut-être même le meilleur de sa génération) de matériaux sur lesquels il se refuse obstinément à intervenir thématiquement et idéologiquement. Cela peut donner le meilleur (Watchmen) comme le pire (300). Ici, cela conduit à un divertissement correct, passant du vertige à la lassitude. CC


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