Au porc


« Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur ? » a été la réaction – spontanée et dégoutée – du monsieur à notre droite en découvrant l'une des photographies exposées dans le couloir de l'Institut culturel italien. Il faut dire que cette dernière présente la tête tranchée et ensanglantée d'un porc fraîchement abattu, servant de transition gentiment moqueuse entre les deux séries constituant l'expo – clairement distinctes mais faces d'une même pièce. La première nappe les scènes capturées d'un mysticisme ironique, poussant à son paroxysme le contraste entre la sublimation esthétique et la trivialité de son sujet. Lumières et fumées érigent au rang de sacré le geste du boucher, penché sur un porc pris au piège, lui-même couché sur le dos. Le nimbe du sacrifice auréole la pellicule pour mieux retomber dans le réalisme dégradant des bouts de viande posant pour la seconde série. De la peinture religieuse, on passe à un réalisme sans scrupules. Foin du sacré : la bête est morte, ses membres et entrailles gisent sur une table. Nicolò Cecchella manie son objectif avec malice, orchestrant des mises en scène à la cruauté macabre plus drôle que dégradante. Alors, si l'endroit n'est pas un lieu d'exposition plus adapté que la dernière fois que nous en avons parlé, force est pour nous de renouveler l'expression de notre admiration quant à l'audace de ses choix esthétiques. Laetitia GiryL'Uccisione
Jusqu'au 17 décembre à l'Institut Culturel Italien.


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Utopie toi-même