"Identité" : crise d'identité par Gérard Watkins

Un couple d'aujourd'hui, à la frontière de la précarité. Sur une bouteille de vin, lui découvre que l'on peut gagner de l'argent le plus simplement du monde, en répondant à un questionnaire qui se fera de plus en plus intrusif, notamment sur les liens familiaux.


Avec Identité, l'auteur et metteur en scène Gérard Watkins (vu la saison dernière comme comédien dans le très réussi Terre Océane) a écrit une courte pièce en réaction à l'amendement Mariani (rapidement abandonné car sévèrement critiqué en 2007) prévoyant le recours à des tests ADN en cas de regroupement familial. La transposition de cette donnée chez un couple européen d'aujourd'hui est le point de départ de ce texte dépouillé aux multiples références actuelles (tant au niveau de la forme langagière que des mots employés).

Si l'on n'avait pas saisi tous les enjeux du propos en lisant la pièce, en la voyant sur scène, on n'est pas plus avancés. Bien sûr, on devine très bien de quoi il retourne : la note d'intention distribuée en début de représentation pose très bien les bases, qui sont déjà toutes sous-entendues dans le titre. Mais le rendu apparaît assez fade dans sa forme, la mise en scène n'arrangeant rien. Gérard Watkins se réfère ouvertement au Dogme, mouvement cinématographique lancé par des réalisateurs danois – dont Lars von Trier (Les Idiots) ou Thomas Vinterberg (Festen) – pour lutter contre les artifices et ainsi revenir à une simplicité originelle – les règles du dogme sont draconiennes. La scénographie est donc minimaliste au possible, accompagnant assez bien le texte (malgré quelques parti pris discutables niveau direction d'acteur). Mais finalement, on assiste à une proposition austère et désincarnée qui, certes, a le mérite d'aller au bout de son propos artistique, même si elle nous laisse cruellement sur notre faim.

Identité
Jusqu'au samedi 11 décembre, à la MC2.


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