Grenoble fait son cirque


Depuis la saison dernière, à l'intérieur de la plaquette thématisée de la MC2, est apparue une nouvelle catégorie : "les indisciplinés". Comprendre les artistes qui ne rentrent pas dans les cases prédéfinies (théâtre, danse, musique), trop étroites à leur goût. Et ça tombe bien, car c'est grâce à eux que l'on a pu découvrir quelques chouettes propositions, comme la trilogie de Jan Lauwers l'année dernière mêlant habilement théâtre, musique et danse.

Mais cette vaste rubrique sert aussi à abriter une faune hybride : celle des circassiens qui, depuis quelque temps, envahit les plateaux de théâtre de façon revigorante, avec la complicité extatique des programmateurs. Rien qu'à Grenoble, plusieurs signes témoignent de ce regain d'intérêt pour ce que l'on a coutume d'appeler le cirque contemporain.

L'artiste en résidence à l'Hexagone de Meylan est ainsi le jongleur Adrien Mondot, qui a remplacé la très théâtreuse Muriel Vernet. À l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix, la nouvelle directrice a décidé de faire du cirque l'un de ses axes de recherche principaux. Mais l'exemple le plus frappant de cette nouvelle donne est l'excitation impressionnante autour de la personne de Yoann Bourgeois (photo). À la grâce d'un passage remarqué cet été à la Bastille (festival Imaginez maintenant), le jeune circassien, auparavant interprète chez Maguy Marin, vient de monter sa propre compagnie à Grenoble. Plusieurs salles de l'agglo semblent se le disputer, comme pour s'offrir un vent d'air frais bienvenu. Et aussi, sans doute, pour se dépêtrer d'un paysage chorégraphique qui a tendance à tourner en rond.

Car les deux aspects sont bel et bien liés, tant au niveau local (rien de bien excitant ne semble se dessiner actuellement en danse) que national. Les circassiens et leur envie d'en découdre avec les codes ont ainsi insufflé une bonne dose d'énergie régénératrice dans le rapport au corps, et ça fait du bien ! Reste à savoir où tout cela va nous mener, certains artistes de cirque pouvant eux aussi tomber dans le travers d'une danse contemporaine aphone avec un cirque offrant simplement du "beau pour le beau"… Ce qui est paradoxal, car la raison d'être du nouveau cirque est justement d'avoir un discours plus élaboré que dans le cirque traditionnel fait de simples performances mises bout à bout ! Affaire à suivre donc…


<< article précédent
Belles branches de la rentrée ciné