Le bon mauvais goût


Le Festival des Maudits Films se conclut en beauté avec un double hommage au méconnu Paul Bartel. Un auteur frondeur, cousin cinématographique d'un John Waters en moins tapageur, et surtout connu pour le cultissime La Course à la mort de l'an 2000 (1975). Un film de science-fiction à la production design délicieusement surannée, où les différents participants d'une course à travers les Etats-Unis doivent écraser le plus de monde possible, afin de distraire la plèbe d'une Amérique futuriste fascisante. Inutile de se fourvoyer en voyant son récent et imbécile remake par Paul W. Anderson, tant ce dernier occulte tout ce qui fait toujours la saveur de ce détournement d'une commande de Roger Corman : une outrance hallucinée dans la violence et l'érotisme crapuleux, le tout au service d'un discours politique subversif, à l'insolence hilarante. Un tour de force jouissif, dont tout amateur de bis qui se respecte ne se lasse jamais, notamment grâce à une version française aux petits oignons. Tout aussi taré, Lust in the dust (1985) est un western musical déviant opposant l'égérie de John Waters, le travesti Divine, à la tonitruante Lainie Kazan et au matois Geoffrey Lewis, dans une sombre histoire de chasse au trésor. Transgressif, sexuellement agressif, Lust in the dust est la transition parfaite entre le pendant le plus auteurisant de son réalisateur et son utilisation du cinéma de genre pour ce qu'il doit réellement être : un outil autorisant toutes les libertés de ton et de discours, tout en honorant la notion de divertissement avec brio. FCSoirée Grindhouse Paul Bartel
Lust in the dust + La Course à la mort de l'an 2000
Samedi 22 janvier à 20h, à la Salle Juliet Berto.


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Terriblement réussi