«Tout le monde peut voir du bis»

Entretien avec Karel Quistrebert, déléguée générale du Festival des Maudits Films. Propos recueillis par FC


Petit Bulletin : Tous les cinéphiles ont leur définition du cinéma de genre, du cinéma bis… quelle serait la vôtre ?
Karel Quistrebert : Je prends le terme cinéma bis dans le sens le plus généralisé. Ça peut être du péplum, du western, de l'horreur, de la série Z… J'aime bien tous les genres, et surtout leurs croisements, je n'aime pas qu'on reste dans le même carcan. C'est très difficile d'avoir une vraie définition du bis, c'est pour ça que je préfère l'employer dans le sens le plus large possible.

Comment accompagnez-vous les projections, vous restez dans une démarche ciné-club ?
Je pense que tout le monde peut voir du bis. Certains se disent «ah non, c'est de l'horreur, je ne vais pas y aller», alors qu'entre Les Yeux sans visage et le dernier Saw, c'est le grand écart, enfin plutôt le Grand Canyon ! Hélas, il y a des a priori, et qui fonctionnent dans les deux sens, certains fans de cinéma bis ne feront pas la démarche d'aller voir le Franju du fait de son aura “auteur“ alors que c'est un film superbe… Quand on fait venir des intervenants pour présenter les films, ce sont des passionnés qui ne font pas les choses sous un axe didactique, mais qui viennent pour transmettre leur goût, avec leurs tripes…

Les échos du public jusqu'à présent vous motivent-ils à continuer ?
C'est vrai que par exemple l'an dernier, à l'ultime soirée où on était tous bien crevés, le fait que les gens partent en nous remerciant et en nous disant «à l'année prochaine», ça nous a bien boosté ! Maintenant, c'est l'édition de cette année qui va décider si on continue ou pas, en termes de rentabilisation, de soutiens financiers, de motivation. On n'est pas très nombreux, tous bénévoles, on jongle avec des copies qui viennent de loin, des distributeurs qui demandent parfois des sommes astronomiques, tout en refusant de faire des places à 10 ou 15 euros. Mais cette situation nous pousse à trouver des astuces, à insister – et c'est comme ça qu'on peut tomber sur une copie de Planète interdite, alors qu'on nous avait dit qu'il n'en existait plus !


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