L'amour du fist


Depuis un quart de siècle, le performer underground radical Jean-Louis Costes crache sa haine visionnaire du cynisme contemporain dans des litanies incessantes et ininterrompues de musiques bidouillées, de livres torchés, de spectacles dégueulés, conçus dans l'isolement total d'une cave de Saint-Denis. De ses spectacles, ses “opéras porno-sociaux“, l'on retient surtout, entre cultureux avertis, les flots de secrétions corporelles qui éclaboussent les premiers rangs d'un public qui parfois en redemande, comme une onction profane du prophète antisocial par excellence ; on fait semblant de s'offusquer quand il s'enfonce des objets dans le derrière, on se bouche les oreilles quand il fait saturer les fragiles enceintes, on blêmit puis on exulte quand il enchaîne les insanités repoussant les limites du politiquement admis sur le service public. Mais derrière les outrances scéniques, il y a un artiste infiniment plus sensible qu'il n'y paraît, qui se fout littéralement en transe à chaque représentation, qui s'obstine dans une voie qui ne lui rapporte rien, si ce n'est des procès à répétition. La radicalité de ce performer incroyable, aussi pénétré qu'obscène, est peut-être l'un des derniers remparts à se dresser face à la société du spectacle, aujourd'hui, en France. Si ce n'est déjà fait, allez donc voir Jean-Louis Costes au 102. Comme ça, vous pourrez raconter à vos enfants ce que c'était, l'intégrité artistique. FCLa sorcière et les morts de Jean-Louis Costes
Jeudi 20 janvier à 20h30, au 102.


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