Dissection cocasse


CRITIQUE / L'interprétation d'un opéra demande une rigueur absolue, la concordance entre les chanteurs et l'orchestre devant être réglée comme du papier à musique. Un job difficile, demandant une maîtrise parfaite de sa voix… « Pourtant, je dois chanter détendu pour que le public puisse croire que je sais le faire parfaitement à chaque fois » entonne sur scène un des cinq interprètes, inquiet par la prouesse qu'il doit effectuer sans filet. L'Opéra de quatre notes de Tom Johnson est ainsi une petite merveille d'ironie et de distanciation souvent mise en scène depuis sa création en 1972. Le baryton Paul-Alexandre Dubois s'est emparé de cette œuvre phare pour en livrer sa propre version, épaulé par l'Atelier lyrique de Franche-Comté. Le résultat, dévoilé en 2003 à l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, est savoureux, notamment lorsqu'il éclaire tous les stratagèmes élaborés afin qu'un opéra fonctionne. Comme quand deux chanteurs essaient tant bien que mal de meubler « pour que la soprano puisse reposer sa voix ». Ou quand la mezzo-soprano compte sur ses doigts pour ne pas perdre le rythme – procédé normalement jamais dévoilé au public ! Un spectacle réjouissant n'hésitant pas à forcer le trait pour provoquer le rire chez le spectateur complice. Et une proposition pertinente : car dans l'agglo, nous n'avons que trop peu l'occasion de pouvoir découvrir des opéras, petits ou grands (même si dans ce dernier cas, le budget des salles rentre en compte, un grand opéra étant extrêmement cher à produire). Alors que cette forme artistique peut être réjouissante au possible, comme le démontre par exemple Laurent Pelly qui, depuis qu'il a quitté le CDNA, monte de nombreux opéras (notamment visibles à Lyon) avec une intelligence remarquable. AM

L'OPÉRA DE QUATRE NOTES
Jeudi 27 à 20h, vendredi 28 à 10h et 19h, à l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix. À partir de 7 ans.


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