Confession intime


THÉÂTRE/ Jean-Marc Galéra, comédien et metteur en scène qui participa aux débuts du Théâtre de Poche (appelé Théâtre de Création aujourd'hui), retrouve les planches grenobloises avec La Chute. Un spectacle créé en 1994 qu'avait mis en scène Régis Gayrard, aujourd'hui décédé. « Les gens se dépêchent de juger pour ne pas l'être eux-mêmes » fait proférer Albert Camus à Jean-Baptiste Clamence, le seul personnage de son roman. Un ancien avocat parisien, « spécialisé en nobles causes », qui a néanmoins « toujours crevé de vanité ». Mais l'homme, suite à une noyade dont il sera le témoin passif, se retrouvera à Amsterdam, où il effectuera son procès à la première personne du singulier, dans un monologue qui, en filigrane, peut être vu comme un cri de rage sévère contre l'humanité entière – Camus reçut d'ailleurs le Prix Nobel en 1957 pour « l'ensemble d'une œuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes ». Sur un plateau des plus sobres, Jean-Marc Galéra interprète ainsi Clamence avec la retenue nécessaire à ce genre d'exercice, en prenant conscience que le principal se trouve déjà dans les mots de Camus. Physique, grave, le comédien porte donc littéralement le texte de Camus, avec conviction. On reste néanmoins plus dubitatif sur les éléments sonores rajoutés ici et là, dramatisant le discours plus que ne l'accompagnant – du moins, c'est l'effet que cela donnait sur la captation que nous avons pu visionner. Mais malgré ce parti pris discutable, cette Chute reste une excellente manière d'aborder Camus. AMLA CHUTE
Du mardi 15 au dimanche 20 février, au Théâtre Sainte-Marie-d'en-bas.


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