Mais y va où le monde ?

De et avec Serge Papagalli (Fr, 1h24) avec Véronique Kapoian, Valère Bertrand…


L'affiche ne ment pas : nous sommes bien face à “Papagalli le film“. Pour sa première réalisation cinématographique, le comique reprend ses personnages théâtraux privilégiés, la famille Maudru, entouré de ses interprètes originaux (Véronique Kapoïan et Valère Bertrand) et d'autres complices fidèles de ses frasques absurdes. Les habitués de ses spectacles seront en terrain connu : des caractères paysans bien trempés et gentiment caricaturaux, à la furieuse obsolescence, s'affrontent sur fond de mutation de leur univers, le tout dans cet impénétrable jargon dauphinois (les «Nom de Gu» y pleuvent avec enthousiasme) qui terrorise chaque année de nouveaux étudiants franciliens déracinés. Même si on lui sait gré d'avoir pensé la transposition de son humour en termes réellement cinématographiques (à l'inverse, au hasard, d'un Dany Boon, auquel on a emprunté le principe de sortie avancée dans la région d'origine), il faut tout de même reconnaître que cet opus, dont se dégage une sympathique aura d'OVNI total, convaincra plus les aficionados de toujours du beau Serge que ses récents fans de la série Kaamelott. Mais en même temps, c'est le but presque avoué d'un film qui résonne comme un écho de la carrière globale de son maître d'œuvre, alien comique, prophète d'un univers parallèle dans lequel Grenoble serait le centre du monde, résistant éternel d'un humour certes limité dans son ensemble par son puissant ancrage géographique, mais toujours généreux, porteur d'un regard attendri sur des personnages dépassés, et qui, à force de jouer sur les mots comme un forcené, finit toujours par nous sortir de belles formules. FC


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