Basse, pressions

Joe Lally, bassiste de la mythique formation punk Fugazi, revient nous donner des nouvelles de sa carrière solo, toujours dans un vénérable esprit Do it yourself. FC


Et là, je vois les plus jeunes d'entre vous hausser les sourcils et s'apostropher mollement, qui d'un « Fuga-quoi ?», qui d'un « douhitte–quoi ? ». Adorables sauvageons. Je vous hais. Fugazi fut dès la fin des années 80, alors que Justin Bieber n'était même pas un espoir dans les couilles de son père, un groupe de rock hardcore fondé sur deux principes : le mouvement straight edge, prêchant d'être sain de corps et d'esprit et de tourner ainsi le dos à tout excès ; et le Do it yourself, donc, une éthique héritée du punk qui a l'immense mérite de parler d'elle-même. Le groupe avait son propre label, vendait ses disques à des prix abordables alors que l'économie du disque 1/ existait encore 2/ se portait plutôt pas mal, et l'entrée des concerts était également à la portée de tous. Ah, et c'était aussi, quand même, des putains de musiciens – jetez donc une oreille à leur Repeater (1990) inaugural, qui n'a pas pris une ride. Une fois l'aventure mis en suspension aux débuts des années 2000, chaque membre du groupe s'en est allé vivre sa petite histoire musicale de son côté. Joe Lally a participé au furtif groupe Ataxia aux côtés de ce superbe taré de John Frusciante (guitariste des Red Hot Chili Peppers) le temps de deux albums et puis s'en vont. Dès 2006, il a donc pris son courage à deux mains et s'est lancé vaillamment en solo, porté qu'il était par l'esprit du “fais-le toi-même“.Repartir à zéro
Conscient de la difficulté d'exister dans l'ombre de son ancienne formation, Joe se dirige dans une autre direction, reste dans des rails rock mais part dans des circonvolutions plus planantes. Dans un premier temps, il performe seul avec un ordi portable pour l'accompagner. Il apprivoise sa voix, et enregistre dans la foulée un premier album solo, There to here, en 2006. Si l'on retrouve ses anciens comparses de Fugazi en soutien moral et artistique sur la galette, le style est résolument éloigné du son qui fit sa prime renommée. Une orientation définitivement entérinée dans son opus suivant, Nothing is underrated, qui enfonce le clou d'un son aérien, exigeant, presque autiste mais foncièrement attachant. Sur scène, Joe est désormais accompagné d'autres musiciens, garants de lives de grande tenue. Confirmation ce jeudi sur la scène de la Bobine, avec le rock indé franco-italien de L'Enfance rouge en première partie. Joe Lally + L'enfance rouge
Jeudi 17 mars à 20h30 à la Bobine.


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Les Lois de l’hospitalité