Monstres et Cie


On ne voit qu'elle quand on rentre dans l'espace habituellement immaculé qu'est Vallès : une spirale noire de deux mètres de diamètre. Troublante et majestueuse, elle trône là ; agrippée au mur, agissant comme une béance au milieu d'une série de personnages. Ces derniers sont les fruits de l'imagination de Ludovic Paquelier, nourrie apparemment d'images de BD, de jeux vidéo et de cinéma de science fiction. Pour ce travail in situ, l'artiste s'est baladé comme à son habitude dans la ville d'accueil (en l'occurrence Saint-Martin-d'Hères) pour trouver un sujet local à s'approprier. C'est dans la Cité des étoiles (série d'immeubles utopique à la manière de la Villeneuve) qu'il a trouvé une inspiration faite d'inquiétude et de désolation. De ces drôles d'immeubles aux formes triangulaires, il a gardé la silhouette anguleuse et agressive, pour broder tout autour et tout le long du mur un univers apocalyptique de monstres plus ou moins menaçants. Les personnages sont divers, en partie humains ou pas du tout, mais tous fixent le visiteur d'un air ahuri ou déterminé, malicieux ou abattu… Aucune couleur convoquée : le noir règne en maître, l'encre dégouline et tache. Et l'on en revient à la spirale matrice qui, en sa qualité de seul élément non figuratif et de parfaite illusion d'optique, insuffle à la fiction tissée une énergie proprement sensorielle. Par l'impression d'ivresse qu'elle procure, par son assurance désarmante, elle révèle le malaise en le recréant : celui de l'idéologie mourante de la Cité des étoiles. LGLa Cité des étoiles – Ludovic Paquelier
Jusqu'au 23 avril à l'Espace Vallès


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