"Tomboy" : naissance d'une cinéaste

De Céline Sciamma (Fr, 1h22) avec Zoé Héran, Malonn Levana…


« — Comment tu t'appelles ? — Mickaël. » C'est ainsi que le tout jeune héros de Tomboy se présente à Lisa, sa première amie après un énième déménagement familial. Mais Mickaël s'appelle Laure et son androgynie lui permet d'abuser sans peine ses camarades, mais Céline Sciamma ne dissimule pas longtemps l'imposture au spectateur (le titre, malgré son anglophonie, est en soi une forme d'aveu). Plus énigmatiques sont les raisons de ce changement d'identité sexuelle : envie d'intégration ou réelle ambivalence ?

L'intérêt de Tomboy réside partiellement dans ce refus de donner des réponses aux questions qu'il soulève. Cette incertitude se déporte vers un autre terrain une fois le secret dévoilé (comment Mickaël-Laure maintiendra-t-il l'illusion auprès de ses copains ?) et permet à Sciamma de s'écarter du naturalisme à la française (défaut principal de son premier film, Naissance des pieuvres) par des scènes installant un vrai suspense.

Il faut saluer aussi la direction d'acteurs, laissant ce qu'il faut de naturel aux enfants pour rendre la mise en scène fluide et empêcher au discours de s'inviter dans le film — la réalisatrice ne l'évite pas toujours, ses intentions prenant parfois le pas sur la crédibilité des situations. Tomboy finit par être passionnant quand on se rend compte que c'est plus l'ordre social que les individus qui ne sait pas quoi faire de ce garçon-fille en fin de compte bien sous tous rapports (affectifs, amicaux et amoureux).


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