Renversant !


Cirque / En guise d'introduction à Déversoir, la contorsionniste Angela Laurier s'arrache à son corset et envoie valdinguer ses hauts talons pour une mise à nu physique et psychique qui va se révéler à la fois terrible et bouleversante... La voix heurtée de son frère schizophrène Dominique se fait ensuite entendre, puis c'est l'image et la parole du père que l'on découvre sur un écran en fond de scène. Le spectateur est ainsi plongé, et volontairement un peu perdu au début, dans l'histoire chaotique de la famille Laurier, parmi un flux d'images, de récits, d'anecdotes, de mots calmes ou très violents, de fragments de vie... Morceaux épars issus d'un voyage et d'un retour vers son passé québécois lors duquel Angela Laurier a longuement filmé et interviewé les siens. Devant les images projetées, dans la pénombre du plateau, l'artiste exécute lentement ses figures cul par-dessus tête, tord son corps en tous sens, le sculpte, en fait le support d'un langage plastique inconnu pour dire autrement la souffrance, la révolte, la tendresse ou la haine... Entre symbolique, imaginaire et réel, sons, visions et contorsions, Angela Laurier tente de donner forme à ses sentiments, de faire émerger un peu de sens. Et si son exutoire nous touche tant, c'est sans doute parce que nous sommes, nous aussi, peu ou prou, confrontés à cette même difficulté d'exister comme au risque de la folie. Jean-Emmanuel Denave
DÉVERSOIR

Jeudi 26 mai à 19h30, à la MC2. Avec en première partie 60 minutes d'opportunisme, d'Ivana Müller


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Antoine Defoort : game boy