Maquille l'espace


Expo / Dans l'honorable optique de pulvériser les frontières spatiales persistantes et propices à une exclusion lente et tacite (sérieuse donc) des publics au monde de l'art, le musée de Grenoble organise pour la sixième fois une opération de décentralisation. C'est ainsi qu'un bataillon de sculptures abstraites appartenant au musée s'est mignonnement rangé en plein dans le Village Olympique, tout près de la Villeneuve. Sont organisés à cette occasion de nombreux ateliers, visites et autres lectures facilitant l'appréhension de l'objet exposition, avec en bonus non négligeable la mise à disposition d'une petite bibliothèque directement liée aux œuvres. Le tout se tient très bien. Les œuvres présentées oscillent entre les deux approches qui sont au fondement théorique de l'art de la sculpture : d'un côté la représentation en matière d'un ressenti de la nature – avec une tension vers l'animal et le plein du corps –, de l'autre son penchant que l'on analyse comme plus intrinsèquement et immédiatement culturel, celui, entièrement conceptuel, de la traduction du mouvement et de la lumière par l'intermédiaire d'un langage architectural. La masse de la sculpture peut être lourde et invasive, ou légère, voire trompeuse, peu importe, « ce n'est pas de la sculpture mais un instrument pour créer une infinité d'espaces. » La formule de l'artiste Yaacov Agam (dont une œuvre amovible et amusante est ici montrée) nous semble opportune, à cela près qu'elle semble faire fi du fait que l'instrument qu'il évoque n'a aucune raison de ne pas, justement, se nommer « sculpture ». LG

De la nature à la géométrie

Jusqu'au 26 mai à la MJC Prémol (Village Olympique)


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Une folle envie