Au théâtre demain

FESTIVAL/ Les sbires de Troisième Bureau défendent toujours avec passion un théâtre contemporain exigeant et novateur. La preuve encore une fois au Théâtre 145 pour la onzième édition de Regards croisés. AM


L'intérêt d'une manifestation comme Regards croisés ne saute pas forcément aux yeux au premier abord : des théâtreux assis autour d'une table lisant des textes de théâtre, de surcroît d'auteurs pas très connus, on a connu plus funky. Grossière erreur de jugement : le festival joue un rôle important dans le monde du spectacle vivant, contribuant à le régénérer de l'intérieur. Car, comme on le déplore souvent dans ces colonnes, le théâtre, ce n'est pas seulement monter vingt fois les mêmes auteurs ; c'est aussi savoir dénicher de nouvelles plumes, porteuses de nouvelles approches : un travail mené intelligemment à l'année par le collectif Troisième bureau, qui s'attelle chaque printemps depuis dix ans à l'aventure Regards croisés.

Au programme

Pour cette onzième édition, l'équipe organisatrice s'intéresse à « L'Europe dans sous ses états » ; et il faut bien l'admettre, les textes choisis sont d'excellente facture, transgressant souvent genres et formes. Acte politique évident en début de festival déjà : la lecture de trois textes courts du Turc Berkun Oya (mardi 24), qui posent différentes situations sans emphase, ne demandant qu'à être défendus sur scène. Le lendemain, on découvrira Contre le temps de la Québécoise Geneviève Billette : une œuvre phénoménale tant par son sujet (les affres du mathématicien Évariste Galois, mort à tout juste 20 ans suite à un duel) que par sa forme (l'auteure fait s'entremêler différents temps de récit en un) ; notre coup de cœur de cette année. Le jeudi, on se confrontera à L'accueil d'Ismael Stamp, du Belge Pieter de Buysser : une pièce (un brin naïve) d'une poésie évidente, évoquant le sujet des migrants, critique en creux d'un Occident replié sur lui-même. Le vendredi, détour vers la Sicile avec À l'air libre de Tino Caspanello : une fable charnelle et vivante sur deux ouvriers confrontés à la présence mystérieuse d'une femme, qui devra être portée (la fable) par d'excellents comédiens. Et enfin, le dernier soir sera consacré à Transitions, l'œuvre dense et intense du Polonais Artur Palyga évoquant le douloureux passage du communisme au capitalisme dans la Pologne contemporaine, le tout vu par des personnes handicapées qui furent en marge de cette transformation. Voilà, vous savez tout. Il ne manque plus qu'à vous souhaiter un bon voyage théâtral, en espérant que les auteurs les plus forts se retrouveront bientôt joués sur les planches.

REGARDS CROISÉS

Du lundi 23 au samedi 28 mai, au Théâtre 145 Programme en pages agenda


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