La Conquête

De Xavier Durringer (Fr, 1h45) avec Denis Podalydès, Florence Pernel…


De la part de Durringer, on s'attendait à un film en demi-teinte, mais pas vraiment à un résultat aussi affligeant. Vendu sur un mensonge par omission fleurant bon l'escroquerie (« le film a eu du mal à se monter », sous-entendu à peine masqué d'un propos a priori rentre-dedans), La Conquête, récit de l'accession de Nicolas Sarkozy au pouvoir, n'est dans sa première partie qu'une suite de sketchs pas vraiment finauds, dans l'esprit du Coluche d'Antoine de Caunes. Chacun semble jouer sa partition en se calquant sur les marionnettes des Guignols de l'Info (mention spéciale à Bernard Lecoq en Jacques « crac crac » Chirac), les scènes lapidaires ne reposent que sur des “bons“ mots qui font au mieux sourire et au pire engendrent la consternation – quand bien même ces répliques auraient été proférées par leurs modèles, encore eut-il fallu les mettre en valeur autrement que dans une mise en scène cheap dans sa logique, ses effets et sa mise en œuvre. Dans la deuxième partie, Durringer et son coscénariste Patrick Rotman, non contents de cumuler les anecdotes au lieu de raconter une histoire, cèdent à un écueil inattendu : la fascination pour leur sujet, culminant dans une séquence élégiaque au gré de laquelle Henri Guaino voit son discours de campagne prendre vie devant lui, les larmes aux yeux. Que les deux hommes adoptent subitement un point de vue, à la limite, tant mieux : La Conquête ne faisait jusque là que démontrer par l'absurde l'inanité du style sarkozyste appliqué à la narration cinématographique. Mais qu'ils tentent à ce point de nous faire passer leur film pour le contraire de ce qu'il est, c'est d'une malhonnêteté franchement insultante.FC


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