« On est un peu une agence de voyage »

A l'occasion de la 5e édition du Hadra Trance Festival, du 7 au 10 juillet prochain à Lans-en-Vercors, rencontre avec Annabelle et Driss, présidente et trésorier de l'association. Propos recueillis par Damien Grimbert


Le Petit Bulletin:Comment a évolué le festival, depuis sa création en 2005 ?
Annabelle et Driss : Au niveau de la fréquentation, on est passé de 1400 personnes en 2005, à 2200 en en 2006, 3950 en 2008, et 6100 l'an passé. Et cette année, on aimerait arriver aux alentours de 8000 personnes, c'est de toute façon le chiffre nécessaire pour équilibrer le budget… On a aussi rajouté une journée supplémentaire pour pouvoir installer un peu le festival sur la durée, créer plus d'échanges, de rencontres, de liens entre les gens... et également devenir plus accessible au public étranger. Et depuis l'an passé, la scène qui autrefois s'appelait le chill-out est devenue une véritable scène alternative, avec plus d'ouverture musicale que la scène principale, surtout axée sur les différents styles de psytrance. Il y aura de l'ambient, du downtempo, mais aussi du dub, du dubstep, de la fusion électro/musiques du monde, des musiques traditionnelles... On propose aussi des performances, des stands de massages, de bien-être, d'artisanat, de produits locaux. Et enfin une partie plus sociale, avec des conférences, des projections de films, des ateliers pour tester le mix, la compo... Tous les axes sur lesquels on travaille à l'année se retrouvent ainsi dans le festival. On essaie de créer un véritable univers, une sorte de village psytrance. On est un peu comme une agence de voyage, on essaie d'offrir le maximum de choses, pour que chacun puisse y trouver son compte.Vous commencez à bénéficier d'une reconnaissance internationale ?
En France, on est à peu près les seuls à organiser un festival de musique électronique en plein air de ce type, et même à l'échelle européenne, je pense qu'on doit faire partie des 4 ou 5 plus gros festivals du genre. Au niveau artistique, tous les artistes importants de ce mouvement nous contactent, il sont fiers de jouer chez nous, on a une vraie crédibilité. Après, au niveau du public international, on a environ 8% d'Européens, et 2% qui viennent du reste du monde. Il reste encore beaucoup à faire, mais disons que c'est en bonne voie...Vous avez obtenu l'an passé un Greener Festival Award, de quoi s'agit-il ?
C'est un concours créé par un organisme anglais, auquel on a participé l'an passé. Ils envoient une équipe faire une enquête pendant toute la durée du festival, qui inspecte absolument tout : tri sélectif, navettes et transport, gestion des déchets, distribution de cendriers, sensibilisation du public pendant et en amont du festival, type de papiers utilisés pour la com', origine des produits utilisés ou vendus sur place...Tous les domaines liés au développement durable. Ensuite, ils font un rapport, il y a des votes, puis une remise des prix au mois de novembre. L'an passé, on était le seul festival français à avoir obtenu un prix...Le budget de l'édition 2011 du festival est de 460 000 euros. La Ville de Grenoble, qui apporte 7000 euros de financement, vous a proposé une augmentation à hauteur de... 1000 euros ?
Qu'on a refusé. Contrairement à la période Jérôme Safar - qui avait une vraie volonté de développer les musiques électroniques parce qu'il en avait saisi le potentiel - la situation avec l'actuelle chargée des affaires culturelles est vraiment crispée. Soyons clair. On autofinance le festival à 94%, on a développé le label, on accompagne beaucoup d'artistes Grenoblois qui rayonnent aujourd'hui, on fait de la formation, on démocratise nos pratiques en allant vers différents publics - dans les quartiers et zones sensibles, dans les zones reculées du territoire isérois comme Charvieu-Chavagneux. On propose une entrée à demi-tarif au festival pour tous les habitants du Vercors. On travaille depuis 10 ans sur le territoire Grenoblois, on touche un public de 16 à 40 ans, on propose un travail complémentaire à celui de la Régie 2C, des salles et festivals qui ont pignon sur rue nous appellent pour monter des plateaux artistiques à Bourgoin-Jallieu, St Etienne, Lyon, Paris, Marseille, Londres. Bref, on répond à une vraie demande, et on fait vraiment du travail d'intérêt général. Et la seule chose qu'on demande à la Mairie, c'est une réponse claire, nette et précise à ces questions : Où est-ce qu'on va? Quelle est la politique culturelle de la ville? Quelle est sa ligne de conduite? Quels sont ses choix? Pour qu'on puisse vraiment avoir des perspectives ! Parce qu'au final, cet espèce de flottement permanent, cette absence de choix, de réponse, c'est ça qui nous mine le plus.Hadra Trance Festivaldu 7 au 11 juillet, à Lans en Vercors


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La folie des grandeurs