L'utopie à portée de main

FESTIVAL/ Cette semaine aura lieu la neuvième édition de Mistral, courant d'airs, évènement organisé par l'association Cultur'Act en partenariat cette année avec la Fabrique des Petites Utopies (et son grand chapiteau !). Tour d'horizon du projet avec Brahim Rajab, de Cultur'Act. Propos recueillis par AM


Décembre 2010. Pour notre "une" consacrée au Caravansérail de la Fabrique des Petites Utopies (un pôle d'art nomade situé au cœur du quartier Mistral), nous avions interrogé Brahim Rajab de Cultur'Act, l'association qui organise le festival Mistral, courant d'airs. À l'époque, Brahim évoquait clairement la situation périlleuse dans laquelle se retrouvait la manifestation, lâchée par l'Union européenne, l'un de ses principaux financeurs (un tiers du volume total des subventions). Juin 2011. Le festival aura finalement lieu. « On était clairement dans l'incertitude. Mais la mairie de Grenoble a montré son envie de faire perdurer le festival. Elle a augmenté sa participation – ce qui est appréciable, dans une période où les structures voient plutôt leurs financements baisser – ; mais évidemment, ça ne vient pas palier le retrait de l'Union européenne. » Voilà pour les comptes. La nouvelle édition pâtira-t-elle d'un budget resserré ? Pas forcément nous assure Brahim… Au contraire même, serait-il presque tenté d'affirmer : il explique avoir supprimé le volet têtes d'affiche, onéreux et « pas forcément porteur de sens », pour développer une programmation riche et diverse, notamment en partenariat avec la Fabrique des Petites Utopies concernant le spectacle vivant. « On a déjà travaillé ensemble en 2009, où ils avaient présenté en avant-première leur création Tour Babel. Cette année, ils accueillent des spectacles sous leur chapiteau, et on leur a carrément laissé carte blanche pour deux soirées [mercredi et jeudi]. »Long terme…
Neuf éditions au compteur donc, pour une manifestation qui peut paraître bien ancrée dans la vie du quartier. « Quand on a lancé l'idée que le prochain festival pouvait ne pas avoir lieu, on a eu de nombreuses réactions : on s'est rendu compte qu'il était attendu. » Ce qui attesterait une réussite des effort de Cultur'Act, qui « se mobilise depuis 1998 pour proposer des activités culturelles de qualité et promouvoir les pratiques musicales » à Mistral – le festival est quant à lui né en 2002. Réponse de Brahim : « Avec nos moyens, on ne pouvait pas faire évoluer les choses rapidement. Néanmoins, on a réussi à ce qu'il y ait un vrai pôle de vie culturelle sur le quartier. Ça va ainsi être la fin de l'Espace culturel Bachelard, et nous allons avoir un lieu où l'on va pouvoir travailler de manière beaucoup plus confortable [l'inauguration est prévue pour octobre prochain – NDLR]. Mais, évidemment, il y a toujours la question des moyens, qui ne nous permettent pas d'avoir une vision à long terme. » Alors que justement, l'association mène une action qui demande du temps. Comme celle d'essayer de désenclaver le quartier. « On a beaucoup d'humilité sur ce que l'on fait. Pourtant, il nous paraît important, en cette période préélectorale où l'on nous ressort souvent les mêmes épouvantails, de continuer à proposer des évènements sur ce genre de quartiers. Car les acteurs culturels ont un grand rôle à jouer, et je ne sais pas si tout le monde en prend conscience… »« Arrêter de fantasmer »
Il s'agit ainsi de « mettre en place des projets où les gens vont pouvoir partager des émotions, dialoguer ». « Nous travaillons sur la question des représentations : celles que les habitants ont d'eux-mêmes et de leur territoire, et celles que les gens extérieurs au quartier ont de Mistral. Il faut arrêter de fantasmer pour recréer des dialogues. Et pour nous, la culture est l'outil idéal. » Mistral, courant d'airs, un festival politique ? « Du moment que l'on agit sur un projet sociétal, il est clair que l'on fait de la politique. Mais on ne fait pas de la politique politicienne, on n'est affilié à aucun parti… C'est plutôt de la politique au sens noble du terme : on participe à la vie de la cité. » L'idée est d'apporter la culture dans le quartier, mais aussi d'amener les habitants de Mistral à la culture. « Faire bouger les habitants est quelque chose qui nous tient à cœur, une idée sur laquelle on travaille depuis le début. » Des actions sont donc menées à l'année – Brahim prend l'exemple d'un partenariat avec les Musiciens du Louvre : certaines personnes de Mistral se sont rendues à la Salle Olivier Messiaen, et les Musiciens du Louvre sont aussi venus jouer dans le chapiteau de la Fabrique. La circulation des publics en somme, à l'échelle d'une ville.MISTRAL, COURANT D'AIRS
Du mercredi 8 au samedi 11 juin, quartier Mistral. Programmation complète en pages agenda


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