Blue valentine

De Derek Cianfrance (ÉU, 1h54) avec Ryan Gosling, Michelle Williams…


Présenté à Cannes dans la section Un certain regard en 2010, Blue valentine aura attendu 13 mois pour sortir en France. En même temps, cela paraît presque court pour un film dont l'auteur, Derek Cianfrance, a mis douze ans à accoucher. Est-ce ce long délai de réflexion qui confère à l'œuvre son parfum de maturité ? Ou bien est-ce l'osmose qui unit le couple du film, Ryan Gosling et Michelle Williams, dont on peine à distinguer ce qui les sépare des personnages qu'ils interprètent ? Toujours est-il que Blue valentine raconte avec une grande honnêteté et une franche cruauté le crépuscule d'un amour. Au présent, Cianfrance capte des instants flottants, des silences et des regards inquiets, presque endeuillés, avec une caméra qui stylise nature et visages. Au passé, il laisse la complicité naître entre les deux amoureux, optant pour un réalisme partiellement improvisé, comme lors de la grande scène de séduction où chacun montre son petit talent (lui au ukulélé, elle avec une danse charmante de gaucherie). Mais Blue valentine est plus subtil que cette simple opposition entre l'éclosion des sentiments et leur mort. Car Cianfrance va montrer que ce couple était voué à l'échec, résultat d'un compromis de circonstance, d'un arrangement existentiel qui finit par le rattraper et le détruire. Plutôt que de s'appesantir sur le naufrage, le cinéaste cherche à sauver ce qui restera de cette relation, précieux moments de félicité que l'amertume et les regrets n'arrivent pas tout à fait à effacer. Christophe Chabert


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