Là-haut

Comme chaque été, le festival de l'Arpenteur investit les lieux de vie de la commune montagneuse des Adrets (massif de Belledonne, près de Grenoble) pour offrir au public des propositions artistiques souvent exigeantes. AM


Le rockeur Rodolphe Burger avec un ciné-concert passionnant ; le violoncelliste Greg Gilg avec un trio musical qui va sûrement envoyer du lourd ; la comédienne Valérie Brancq avec un spectacle coup de poing sur la prostitution… Chaque année, le festival de l'Arpenteur, lové aux Adrets, dans la vallée du Grésivaudan, propose une programmation hétéroclite et travaillée.

Car ce n'est pas parce qu'une manifestation culturelle se déroule dans un petit village qu'elle doit forcément être au ras des pâquerettes. L'équipe programme aussi bien des artistes locaux que des internationaux, malgré certaines idées reçues : « C'est comme s'il fallait que le monde rural se contente de tout ce qui se passe en terme de mécaniques de décentralisation, d'irrigation des territoires ; ce monde rural semblant condamné au local d'une certaine manière. »

Flash back

L'aventure Scènes obliques (du nom de l'association porteuse du projet) débute en 1992 : « Le premier évènement a été un festival dans la vallée du Vénéon, en Isère : on avait vraiment cette croyance en la montagne comme terrain d'accueil et d'expérimentation du sensible. » L'expérience n'est pas reconduite, pour diverses raisons. Quatre ans plus tard, le festival que l'on connaît voit le jour, même s'il n'adopte son nom définitif qu'en 2002, lorsqu'il est recentré sur un seul secteur géographique. Avec une idée forte en guise de ligne directrice : « porter la culture ailleurs ». À savoir dans un coin reculé, loin des nombreux équipements culturels urbains. Même si, évidemment, les échanges avec la ville sont constants, l'équipe du festival se plaçant loin d'une confrontation stérile – le public vient d'ailleurs aussi bien des villages environnants que de villes comme Grenoble, Chambéry, Lyon…

Amener la culture ailleurs donc, dans la montagne. « Le terrain de jeu n'est pas anodin. Il porte en lui-même une poésie. La pente, c'est du bouleversement, du basculement, de l'aventure. C'est avoir une barrière en face de soi et essayer de la franchir : non pas pour faire le malin, mais parce que derrière, il y a d'autres choses à voir. Notre projet Cairns, c'est ça. » Ainsi, à côté de l'évènement du début de l'été, l'équipe de Scènes obliques mène un travail à l'année, « dans une approche un peu laboratoire, sur ces liens entre culture et territoires singuliers, inhabités, ruraux… ». « On essaie des choses, en étant à la fois dans la fabrication, et à la fois dans le regard que l'on porte sur cette fabrication. » Un projet audacieux et singulier pour un tel lieu.

FESTIVAL DE L'ARPENTEUR
Du vendredi 1er au samedi 9 juillet, aux Adrets-en-Belledonne. Programme en pages agenda


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