« On est une tribune »

Trente-quatrième édition pour le Festival du film court de Grenoble, événement incontournable du début de l'été. Rencontre avec Guillaume Poulet, le directeur de la Cinémathèque, qui organise cette manifestation. Propos recueillis par Aurélien Martinez


Le Petit Bulletin:Quelle est la ligne éditoriale du festival?
Guillaume Poulet : C'est véritablement la volonté de se faire le reflet de tout ce que peut être le court-métrage. A la fois avec des courts très contemporains – les films en compétition ont quasiment tous moins d'un an, dont beaucoup de premiers films. Et c'est aussi essayer d'être représentatif de l'histoire du court-métrage, y compris à travers des origines géographiques et temporelles différentes. Ce volet plus patrimonial s'appuie à la fois sur notre réseau de cinémathèques, et à la fois sur nos propres collections [l'inventaire du fonds vient d'être achevé cette année].

D'accord. Mais, au vu de la place qui lui est accordée, on peut se demander si le court-métrage n'est pas qu'une forme de cinéma bonne simplement pour les festivals?
On est un peu une tribune, car on a, en dehors des festivals, peu la possibilité de voir des courts-métrages. Bon, Canal + le fait un petit peu, certaines autres chaînes aussi, mais à des heures tardives. Donc oui, malheureusement, sur la diffusion, ça reste majoritairement les festivals qui permettent de montrer des courts-métrages. C'est Clermont-Ferrand, Pantin, Brest, Grenoble bien sûr…

Cela s'expliquerait-il par le fait que le court-métrage peut apparaître aussi comme une forme plus appropriée pour les réalisateurs débutants, comme un passage obligé avant le long-métrage ?
Certes, plein de jeunes réalisateurs ont fait leurs armes sur le court-métrage quand ils sont sortis d'école… On peut donc considérer, dans ce sens-là, que c'est un passage obligé. Après, il y a les grands réalisateurs qui y reviennent parfois. Dans la sélection cette année, on présente T'embrasser une dernière fois, le film d'Olivier Jahan, un réalisateur qui a déjà fait des longs. Et il y a aussi des gens, comme Luc Moullet que l'on avait accueilli l'année dernière, qui font régulièrement des courts-métrages. Car c'est un format où, peut-être, il y a une plus grande liberté, parce que moins de contraintes que dans le long-métrage.

Où en êtes-vous de votre envie de tisser des liens avec le cinéma étranger?
ça avance. L'année dernière, on avait commencé avec Anifest, le festival du film d'animation tchèque. Cette année, on aura un partenariat avec le Musée national du cinéma de Turin, et un autre avec le Centre Wallonie-Bruxelles. Et il y aura aussi une séance de films africains, en lien avec l'exposition du Musée dauphinois. Et sur la question très actuelle qui agite le monde du cinéma - celle du numérique -, vous avez pris position?
On a fait le choix, cette année, de n'être toujours que sur des projections en argentique, parce que, historiquement, ça s'est toujours fait comme ça. De toute façon, je pense que nous n'étions pas prêts à sauter le pas. On a des contraintes spécifiques avec le plein air, et actuellement, les expériences menées sur des projecteurs numériques pour l'extérieur ne sont pas vraiment concluantes. Et pour moi, il y a une chose importante : je refuse que l'on projette dans de mauvaises conditions, avec une mauvaise restitution. Mais ça ne veut pas dire que l'on ne se pose pas des questions… Des questions que se posent de nombreux festivals d'ailleurs. En particulier ceux qui, comme nous, s'appuient sur un établissement ou un lieu qui n'est pas une salle de cinéma. Car à la Cinémathèque, on n'entre pas dans les clous de tous les systèmes d'aide pour passer au numérique qui existent pour les salles…

Pour finir, après le festival, on pourra aussi voir des courts à Grenoble...
C'est un point véritablement important pour moi que d'essayer de faire vivre le festival en dehors de la période du mois de juillet, en touchant d'autres publics. Dans le cadre des activités estivales du parc Paul-Mistral, je trouvais bien de faire une séance, dans un autre cadre, toujours en plein air, dans une ambiance toujours festive. Et il y a un projet, qui est pour l'instant à l'état d'embryon, mais que j'aimerais, si possible, mettre en place pour l'année prochaine: essayer de faire une mini tournée des films primés dans les différents cinémas qui seraient prêts à l'accueillir, dans le département, la région...

34e FESTIVAL DU FILM COURT DE GRENOBLE
Jusqu'au samedi 9 juillet, place Saint-André, et à la Cinémathèque


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