Une rentrée littéraire prudente


La rentrée littéraire est incontestablement un temps fort dans la vie culturelle française, relayé à grande échelle par les médias – dont nous ! Un véritable sport national en somme, dont la pertinence est néanmoins souvent questionnée, notamment du fait de la quantité toujours phénoménale de romans publiés… la grande majorité passant à la trappe l'évènement terminé. « Cette année, on a fait des restrictions, en tablant plutôt sur les auteurs qui vendent sûr. » Le constat de Gwenaëlle Bouvier, de la librairie Gibert, est partagé par de nombreux libraires indépendants grenoblois qui ne peuvent se permettre de prendre les 654 romans de cette rentrée littéraire (le coût est important, avec quelque 27% de taux de retour en moyenne selon Livre Hebdo, le magazine référence de la profession – le chiffre de 654 vient de lui). Contrairement aux grandes enseignes que sont la Fnac, Decitre, Chapitre Arthaud, qui elles, essaient de tout avoir (tout en mettant en avant leurs propres coups de cœur, comme nous l'explique Clémence Devincre, de la librairie Chapitre Arthaud). Chez Gibert donc, sont proposés une cinquantaine de titres. Environ 200 à la librairie La Dérive, nous explique Justine Perrin. À noter toujours niveau chiffres, outre la baisse du nombre de premiers romans évoquée ci-contre, la diminution du nombre de romans français publiés (435 contre 497 l'an passé)… compensée en partie par une hausse des romans étrangers (219 contre 204), comme nous le confirme Daniel Snevajs, responsable de la littérature étrangère chez Decitre. Il loue ainsi la « curiosité » des éditeurs français qui traduisent beaucoup, et des lecteurs français, eux aussi très ouverts. L'Américain Jonathan Franzen, véritable star de cette rentrée littéraire, les en remercie. AM


<< article précédent
Nicolas Trigeassou : « On produit pour produire »