Tree of life

L'ancien Espace Culturel Bachelard, avec force travaux de rénovation et de mise aux normes, va devenir un lieu de vie culturelle du quartier Mistral, baptisé le Prunier Sauvage. Décryptage en compagnie de Brahim de l'association Cultur'Act. François Cau


Gros flash-back. À l'époque d'Hubert Dubedout et de René Rizzardo est impulsé le projet de créer à côté du stade Bachelard un lieu dédié aux pratiques musicales, avec le concours des habitants du quartier Mistral, alors riche en musiciens et pauvre en locaux aptes à l'expression artistique. Le temps que le lieu se crée, la municipalité change, et avec le mandat Carignon vient sa requalification en lieu de résidence pour des musiciens d'autres horizons, fermant ainsi catégoriquement la porte aux musiciens du quartier Mistral.

« Du fait de cette situation, il y a eu des tensions, des frictions, au point que les artistes résidents sont partis du lieu, après avoir tout cassé, évidemment. La mairie de Carignon a dit “OK, créez une association, débrouillez-vous, on vous laisse le lieu“. Le collectif Espace Culturel Bachelard s'est créé, et s'est occupé de la gestion de l'endroit, qui s'est ouvert à tous les musiciens de Grenoble et de l'agglo. De 1992 à 1998, il n'y a eu aucune relation entre la mairie et l'asso, c'était un lieu municipal géré par des citoyens, presque comme si cet équipement ne faisait plus partie du patrimoine municipal. C'était le cas quand j'ai pris mes fonctions en 1998 - à la mairie, on ne connaissait même pas le lieu. Donc une de mes premières missions a été de rétablir le lien entre la mairie et l'association. »

Politique de quartier

Quand Brahim décroche un emploi jeune pour gérer le lieu, en dehors des locaux de répétition et d'une salle mise à disposition des familles, tout ce qu'il avait à disposition était « une table, un grand calendrier et un téléphone ». Pour parachever le tableau, les interlocuteurs peinent à s'entendre. « Pendant des années, la Culture n'a pas voulu parler avec nous, on nous disait d'aller voir le secteur Jeunesse et vie associative, qui nous répondait qu'on n'était pas une MJC, donc ce n'était pas bon non plus. On voulait mener des actions culturelles de proximité, mais avec une vraie exigence artistique. Pendant cinq ans, ça a été du ping-pong jusqu'à ce que le maire tranche il y a deux ans en disant qu'on était dans le Culturel. »

En parallèle des activités soutenues de l'association Cultur'Act, une étape de taille est franchie avec le lancement des travaux de rénovation de la salle qui, une fois terminés, vont lancer le renouveau du lieu, renommé Prunier sauvage en hommage à l'arbre qui se trouvait à l'origine sur le site. On viendra s'initier aux pratiques artistiques, ou se retrouver en rendez-vous citoyens, avec un vibrant désir d'appropriation par les habitants du quartier.

L'ouverture est prévue mi-novembre, en fonction des disponibilités des élus. « La Culture dit nous soutenir, mais si ça se limite aux travaux, ce serait refaire l'erreur de créer des coquilles vides. Jusque-là, on a bricolé, mais on a atteint les limites. Il faut les moyens de mener une vraie politique de fond pour développer des choses sérieuses sur le quartier. »


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