Le cas Osinski


C'est pour nous un grand mystère : que se dit le metteur en scène Jacques Osinski lorsqu'il décide de monter une œuvre du répertoire ? À quelles conclusions arrive-t-il pour proposer de telles mises en scène ? Évidemment, loin de nous l'idée de condamner tout spectacle basé sur un texte dit du répertoire. Mais ce genre d'aventure nécessite de s'interroger au préalable sur la manière de transmettre ces monuments littéraires que l'histoire du théâtre a sacralisés. Or, Jacques Osinski semble s'atteler à la tache de façon quasi industrielle, suivant scrupuleusement le cahier des charges que son Centre dramatique national lui impose. Ce qui donne des pièces sans véritable parti pris – la preuve une fois de plus en ce début de saison.

Son Ivanov, qui renvoie l'impression d'avoir été accouché dans la douleur, se traîne sur les 2h15 de représentation. Certes, aucune véritable faute n'a été commise (Jacques Osinski connaît les codes du théâtre, même si sa vision peut-être discutable), mais le rendu, poussif, a de quoi laisser perplexe. Pourtant, même si la grande majorité des pièces classiques montées par le metteur en scène depuis son arrivée à Grenoble nous ont semblé à côté de la plaque, on a par contre souvent défendu ses choix quand il s'est attaqué à des œuvres contemporaines, dénichant des textes encore méconnus et les montant avec habileté (comme ce fut le cas avec Le Grenier ou, dernièrement, Le Moche du jeune dramaturge allemand Marius von Mayenburg). Conclusion (un brin lapidaire !) : le théâtre a besoin de passion, et quand elle apparaît absente, c'est le spectateur qui souffre.

Inavov, jusqu'au samedi 15 octobre, à la MC2


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