C'est beau un étudiant la nuit

ANTHROPOLOGIE / Une boîte de nuit, de la vodka Red Bull, les Black Eyed Peas en fond sonore : voilà le cocktail idéal pour attirer une certaine faune étudiante. On vous dit tout sur ces soirées (presque) incontournables de la vie du campus. AM


Des affiches aguicheuses qui promettent du rêve, avec couleurs pétantes et sponsors à la pelle (pour les cadeaux à la con souvent distribués) : afin d'organiser au mieux leurs soirées étudiantes, les différents BDE (Bureau des étudiants) se doivent d'envoyer du lourd pour marquer les esprits (d'autant plus que la compétition entre BDE est un sport national) et rameuter le plus de monde. Car une soirée étudiante, c'est avant tout des étudiants en nombre (leurs entrées additionnées aux cotisations des membres des BDE financement l'organisation générale), et quelques autres ingrédients indispensables (un lieu sympa, des boissons alcoolisées, de la musique dansante…). Sarah, ancienne étudiante en médecine puis en biologie, aujourd'hui fraîchement salariée, se souvient du rituel : « D'abord, il y avait la pré-soirée. On se retrouvait chez quelqu'un, vers 18h, pour un apéro fortement alcoolisé, histoire de se mettre dans l'ambiance. Et vers 22-23h, on se rendait à la soirée, qui avait souvent lieu dans une boîte : on prenait le tram tous ensemble, on chantait très fort ! On arrivait devant, on faisait la queue des fois très longtemps, et après, c'était la fête en elle-même ! » Ok. Et dans ce genre de soirées, on y va pour quoi ? « Pour être avec les amis de promo en dehors des heures de cours, et parce qu'il y a de la bonne musique d'antan (rires) ! » nous explique cette baroudeuse de la nuit, qui s'est rendue à de multiples soirées (médecine, biologie, staps, économie…). Des différences ? « Elles se ressemblent beaucoup, même si médecine, franchement, c'est quand même plus trash ! »« Intégrer et distraire »
Merci Sarah pour cette introduction parfaite. Mais histoire d'en savoir encore un peu plus, on se décide à appeler un pro pour ce genre d'évènement : quelqu'un qui les organise. On prend contact, de manière on ne peut plus subjective, avec le BDE de la fac de droit, réputé pour être très actif dans le domaine. On tombe sur Thomas, son président, qui nous détaille les activités nocturnes de son association. « On est sur trois types de soirées : celle d'intégration, qui se déroule dans une salle ; ensuite, toute l'année, on fait des soirées en boîte de nuit – au Théatro, au Nox, au Vertigo, en passant par feu le Drac Ouest… – ; et l'année finit par le traditionnel gala qui a lieu à la Bastille. » Un programme chargé. Mais comment faire pour que chaque soirée soit la plus réussie possible ? « En fait, ça dépend de plusieurs éléments. Il faut bien choisir la date, car on n'est jamais à l'abri d'un partiel surprise ou du mauvais temps. L'idéal est donc de faire ça la veille d'un jour férié. Ensuite, il faut que l'endroit soit central et apprécié par ceux qui vont venir. Enfin, il faut un thème fédérateur. » Et à qui s'adressent les soirées du BDE droit ? Aux seuls étudiants de la fac de droit ? (dans ce cas, Sarah serait une reine de l'incruste… ce que l'on ne veut pas croire !) « On a pour fonction principale d'intégrer et de distraire les étudiants en droit. Après, d'autres viennent évidemment à nos soirées, c'est donc très ouvert. Il y a très peu de BDE qui proposent la même chose que nous. Par exemple, celui du BSHM (le Bâtiment des sciences humaines et des mathématiques) organise principalement des festivals, de la musique, du cinéma. Donc certains de leurs étudiants peuvent, par exemple, venir vers nous. » Ouf pour Sarah !« On a dansé sur Justin Bieber »
Au fil de la conversation avec Thomas, on en revient à nos histoires d'affiches et de flyers tape-à-l'œil, qui inondaient le campus il y a encore quelques années dans le but de promouvoir ces soirées. Ce qui semble de moins en moins le cas. Explications : « Un très bon exemple : la soirée d'intégration du jeudi 29 septembre. On a vendu l'intégralité de nos places sans faire la moindre communication – on n'avait pas encore reçu les affiches au moment de l'ouverture de la billetterie. Ce qui démontre que les outils de com classiques sont vraiment surfaits. Maintenant, ce qui fonctionne le mieux, c'est Facebook, et plus largement l'ensemble des réseaux sociaux. Et tout ce qui est évènement, buzz : notre soirée a été extrêmement demandée après un évènement que l'on avait fait lors de la pré-rentrée. On a dansé sur Justin Bieber devant tous les L1. Ça a fait le buzz, et on a ainsi eu du monde pour la soirée d'intégration. » Si vous êtes curieux, cherchez le compte de Tommyasx sur Youtube, la vidéo est visible. Dernière question, forcément incontournable : dans ces soirées étudiantes, quel que soit le BDE organisateur, ça picole un max – de nombreux étudiants nous l'ont confirmé… et puis on a aussi été étudiant ! Donc, la prévention dans tout ça s'exclamerait tout bon politique qui se respecte ? « Bien sûr, on essaye de tout faire pour que personne ne finisse dans un sale état, en donnant des consignes aux bars, ou en sensibilisant les étudiants. Mais il faut être honnête : celui qui veut se mettre mal y arrivera, aucune prévention ne peut l'en empêcher. Comme je le disais tout à l'heure, on essaye donc de trouver des lieux centraux, avec des lignes de tram… Car si l'on peut empêcher que les gens prennent leur voiture après, on a déjà fait une bonne partie du chemin. »


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Le cas Osinski