Dessins, saison 2

Après les feuilles de l'école italienne, voici le fonds graphique français. Le musée de Grenoble présente le deuxième volet de son triptyque consacré aux collections de dessins anciens, avec une exposition très dense et exigeante. REINE PARIS


Un véritable travail de fourmi est à l'origine de l'exposition « L'idée et la ligne ». Pendant près de quatre ans, les mille dessins appartenant au fonds graphique français du musée et issus en grande partie du legs Mesnard ont été étudiés pour qu'en soient finalement extraites cent vingt-cinq feuilles. Quand on y songe, l'élagage a été sévère. Et pourtant, à la fin de l'exposition, le visiteur néophyte se sent légèrement écrasé par le nombre d'œuvres qu'il a vues et il ressortira avec un torticolis s'il a soigneusement lu les textes explicatifs – par ailleurs clairs et synthétiques –, inscrits très haut pour quiconque n'est pas un joueur de basket (ce qui n'est pas le cas de l'auteur de ces lignes). Présentées de manière chronologique, les feuilles s'échelonnent sur trois siècles et offrent l'avantage de montrer comment le dessin s'est autonomisé alors qu'il n'était au départ qu'un outil d'étude, le parent pauvre de la peinture en quelque sorte...

Vouet, David et les autres

C'est tout l'ennui avec les dessins : le plus souvent, ils sont riquiquis et faits de mille et un détails minuscules qu'il devient difficile d'apprécier en restant debout devant un mur. Cela étant dit, plusieurs œuvres montrées ici valent le détour comme « Le Christ debout tendant le bras droit » de Simon Vouet et sa « Figure féminine volant dans les nuées ». Avec son crayon, l'artiste explore ses sujets jusque dans les moindres détails et reproduit leur expression avec une grande pureté. Dans un tout autre genre – deux siècles les séparent –, le Marat de David captive immédiatement le regard. Représenté de face, il montre ses blessures en écartant sa chemise et en bombant le torse. Une énergie phénoménale se dégage de ce dessin pourtant de très petite taille. Autre bonne surprise que cet « Homme drapé » de François Verdier qui était probablement une étude à une scène de Résurrection. L'on s'attache au regard mystérieux du personnage et au mouvement de son bras qui se dégage du drap. Il ne faut pas manquer non plus les deux compositions de Philippe de Champaigne, dont l'une lui a été attribuée après avoir été longtemps classée sous le nom d'Antoine Caron. Avec un peu de recul cependant, force nous est faite de constater que le plaisir de feuilleter le catalogue s'est avéré presque plus grand que la contemplation préalable des originaux dans le cadre de l'exposition.

 


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