Paysages silencieux


Chez Johann Rivat, la toile est autant celle du cinéaste que du peintre. Le jeune artiste, diplômé depuis 2008 de l'École d'art de Grenoble, compose ainsi des tableaux grand format hypnotiques à la matérialité criante (notamment par le choix de peintures épaisses et de couleurs tranchées) à partir de paysages où, plus ou moins discrètement, un détail évoque une présence humaine. Dans Me And The Colonel, une pancarte KFC se trouve plantée au milieu d'un lac inquiétant. Dans Sky's Drawing, le ciel d'un bleu resplendissant se voit déchiré par un avion et sa longue traînée blanche. Des œuvres emplies de références à la culture pop américaine, véhiculée dans les films donc (on pense à des décors), mais aussi la littérature (Rivat cite Jack London pour son rapport à l'espace) ou la musique.

Avant de découvrir la dernière salle, qui propose la déclinaison en quatre formats d'une scène d'explosion, on passe par le tout petit couloir de la galerie, que l'artiste a souhaité utiliser comme un cabinet de dessins : il y expose en vrac et de manière resserrée différentes pièces, pas toutes dignes d'intérêt, mais qui permettent de comprendre comment s'est élaboré et affirmé son univers. Un choix audacieux qui offre une seconde clé de lecture à un travail d'une densité remarquable. AM


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