1 + 1 = 3

Pour sa seconde édition, l'équipe du festival de ciné-concert le Tympan dans l'œil s'approprie une nouvelle fois cette fameuse équation du philosophe Jean-Claude Van Damme, et nous propose moult rencontres entre films et musiciens. Rencontre avec Damien Litzler pour en savoir un peu plus. Propos recueillis par François Cau


Petit Bulletin  : Quel bilan avez-vous tiré de votre première édition ?
Damien Litzler :
C'était plutôt positif à tout point de vue, puisqu'on a eu plus de 1000 spectateurs sur neuf spectacles et une semaine de programmation. Au niveau artistique, les retours étaient bons. On a pu constater que les publics, aussi variés qu'ils aient pu être, ont bien apprécié ce mélange assez novateur – on représentait beaucoup de styles musicaux sur des films très différents. Et surtout, on a senti une dynamique se mettre en place aussi bien au sein de notre équipe, en interne, que du côté des publics. On a attiré aussi bien les habitués des salles que les cinéphiles ou les mélomanes, qui venaient pour découvrir tel film ou pour tel artiste, et même un public du festival, qui revenait pour deux ou trois événements différents.

Le public des salles grenobloises a une fâcheuse tendance à rester le même, parfois de lieu en lieu… ça a été le cas pour vous ?
C'était globalement un public de curieux, de défricheurs plutôt habitués de ce genre de propositions. Mais pour la majorité, ils étaient assez peu à avoir vu beaucoup de ciné-concerts, donc on a pu soulever leur intérêt, avec beaucoup d'attentes pour une deuxième édition. Après, c'est sûr qu'on a senti qu'on touchait spécifiquement les publics de certaines salles comme le Ciel ou la Bobine, mais à la Source ou à la Salle Juliet Berto, c'était plus hétéroclite.

Est-ce que ces éléments vous ont orienté pour bâtir votre programmation ?
Le résultat de l'année dernière nous a montré qu'on pouvait finalement présenter pas mal de choses, qu'il y avait un attrait pour cette forme un peu particulière et sa dimension live, spectacle vivant. Cette année, ce n'était pas forcément une démarche volontaire ou consciente dès le départ, mais on est sur une programmation un peu plus pointue, qu'on s'est autorisé en pensant que normalement, le public devrait suivre. Du côté cinématographique, c'est assez engagé, avec des correspondances marquées à l'actualité que ce soit dans les partis pris esthétiques, les mises en scène, mais aussi les messages véhiculés… C'est toujours délicat parce qu'on ne choisit pas un artiste ou un film mais un ciné-concert déjà existant, à part pour les deux créations qu'on a initié cette année. On agence en fonction des différents lieux, leur sensibilité, les possibilités techniques et financières. Même si nous n'avons pas les moyens de suivre une réelle ligne éditoriale, on en vient finalement à être plus éclectique ; de fil en aiguille, on construit quelque chose qui fait sens, on défend des esthétiques qui nous plaisent.

L'an dernier, vous vous êtes lancés à peu près au pire moment qui soit pour organiser un événement… Comment survivez-vous ?
Avec l'appui des salles et la confiance qu'elles nous réitèrent cette année, et aussi pas mal d'huile de coude… Même si on est moins dans le bricolage qu'en 2010 avec l'apport de trois financeurs. Le financement a beau être du coup deux fois plus important que sur notre première édition, ça nous demande toujours beaucoup de temps et d'énergie.

Qu'est-ce qui fait la singularité de votre programmation ?
Dès le début, nous avons pris le parti de ne pas retenir la forme classique du ciné-concert, avec un piano sur un film muet en noir et blanc. C'est encore plus marqué cette année : on est majoritairement sur des films parlants, en couleurs, avec une bande-son réutilisée, samplée, détournée. On est dans une approche actuelle et contemporaine du ciné-concert, la réappropriation d'une œuvre à l'aide de la sensibilité artistique d'un musicien ou d'un groupe. Pour l'avenir, je ne suis pas sûr qu'on parte nécessairement sur plus de séances, mais on va plutôt essayer d'impulser plus de créations, tout en restant fidèle à notre état d'esprit.

Que vous définiriez comment ?
Indépendant, alternatif – on est cette année dans des dominantes rock, au sens large, et électro – mais avec la volonté d'amener le plus grand nombre à ces modes d'expression qui nous semblent très accessibles. On cherche vraiment à promouvoir ces dialogues entre deux univers qui se rencontrent, qui peuvent se recevoir de manière isolée mais qui finissent par créer une troisième entité, une nouvelle œuvre qui sublime le tout.

 

Vendredi 25 novembre à la Bobine :
Docteur Folamour par MKF et Ortie (création)

Samedi 26 novembre à la Maison de la Musique :
Duel par Olivier Mellano + Soy Cuba par SZ (création)

Mercredi 30 novembre à la Bobine :
Félix le Chat par Jean Bolcato

Jeudi 1er décembre à la Salle Juliet Berto :
L'Homme à la caméra par Absent

Vendredi 2 décembre à l'Espace 600 :
Les Aventures du Prince Ahmed par la Cie Intermezzo

Samedi 3 décembre à la Source :
Koyaanisqatsi par BKK Project + THX 1138 par Baron Oufo


<< article précédent
Tous au Larzac