Les trois frères

Dans le cadre du Mois, trois artistes italiens investissent le Cab, le Vog et le Laa. Ils offrent leurs visions du monde esthétiques et politiquement engagées. Reine Paris


Outre leur nationalité, les trois artistes italiens qui exposent à l'occasion du Mois, événement créé par le Centre d'art Bastille (Cab) pour faire découvrir la scène culturelle contemporaine d'un pays étranger, ont en commun de mettre de l'art là où on ne l'attend pas et de développer une pratique artistique à partir de performances passées. L'exposition d'Andrea Nacciarriti au Cab est particulièrement impressionnante en raison de la gravité du sujet qu'elle traite et de l'atmosphère oppressante qui y règne. Dans la pénombre de la casemate, l'artiste a travaillé sur la mémoire en construisant une mise en scène autour de trois catastrophes nucléaires dont les autorités ont cherché à minimiser l'ampleur : l'explosion de Tchernobyl en 1986, l'accident moins connu de pollution radioactive à Goiânia au Brésil en 1987 et Fukushima en 2011. La sobriété des installations contraste avec la violence des messages qu'elles portent, provoquant ainsi un immense malaise.

Humour et ironie

L'univers d'Alessandro Nassiri présenté au Vog est aux antipodes. Pour parler de politique, l'artiste manie l'humour et l'ironie. Dans la vidéo de trois minutes baptisée « Permis de séjour », il déménage le salon (ou la salle de séjour) d'une amie pour l'installer dans la rue et inviter les passants à boire un verre. Une convivialité inhabituelle qui attire les soupçons des gendarmes… Avant tout, Alessandro Nassiri veut apprivoiser ceux que l'art intimide. Il aime interpeller les gens, ce qui le conduit à réaliser dans des lieux publics des performances qu'il immortalise en les photographiant ou en les filmant. Ce sont, entre autres, les traces de ce travail qu'il expose ici. Une réussite qui amène plus d'une fois le sourire aux lèvres.

Commercialisation

Au Laboratoire d'art d'aujourd'hui, le travail présenté par Pierfabrizio Paradiso est le fruit d'une intéressante réflexion sur la commercialisation de la beauté. L'artiste voit les espaces d'exposition se réduire tandis que ceux des boutiques et supermarchés sont en pleine expansion. Au moyen d'une série de photos et d'une vidéo prises dans l'illégalité la plus totale alors qu'il travaillait comme promoteur commercial, il montre l'envers du décor, décryptant les techniques commerciales. L'objectif de sa démarche est de permettre à chacun de développer son esprit critique, comme contrechamp aux arguments des vendeurs. Alors que les fêtes approchent, le sujet est on ne peut plus d'actualité.  

 

No one knew what anyone else was doing d'Andrea Nacciarriti, jusqu'au 1er janvier, au CAB
When you don't understand, just smile and nod d'Alessandro Nassiri, jusqu'au 29 décembre au Vog (Fontaine)
Please trust in us ! We will never hurt you de Pierfabrizio Paradiso, jusqu'au 31 décembren au Laa

 


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