Fantasmagories


Art contemporain / Une explosion de couleurs vives voire flashy qui évoquent immédiatement l'univers du tag, voilà ce qui frappe d'abord quand on pénètre dans le centre d'art Spacejunk où les dernières toiles de Will Barras sont exposées. En les regardant de plus près, on découvre un monde fantasmatique à la fois mélancolique, inquiétant et parfois violent, comme cette scène où un singe combat un lézard volant sur une table gigantesque. Rêve ou cauchemar ? Dans ces paysages oniriques, les animaux côtoient les humains, s'habillent comme eux. On ne sait trop s'ils veillent sur eux ou s'ils viennent les hanter. Entre ciel et mer, les villes prennent de la hauteur, écrasantes, surdimensionnées, et les rues sinueuses sont des labyrinthes sans fin. L'élément aquatique aussi est très présent. Sous les eaux profondes, on distingue souvent de pauvres silhouettes humaines, diluées, qui se débattent ou se laissent engloutir. Chaque paysage est un monde inventé, chaque scène un embryon d'histoire et chaque toile témoigne d'une imagination débordante. Si les tons un peu criards peuvent repousser, en revanche, le caractère mystérieux des tableaux de Will Barras met notre curiosité en éveil. Les personnages représentés sont en quête de quelque chose. Ils semblent obéir à un impératif de mouvement, variant les modes de transports (cheval, camionnette, barque, moto…) sans que l'on sache où ils vont ni pourquoi. On veut percer leur secret et gratter ce qui se cache derrière la première couche de peinture. RP


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Combat dans l’œil