La fuite en avant


Pari risqué pour le Tricycle, qui a programmé pour deux semaines une compagnie de Poitiers totalement inconnue à Grenoble, avec de surcroît un spectacle basé sur un texte lui aussi peu connu. Les premières représentations se sont donc déroulées avec très peu de public (tout juste huit spectateurs le soir où nous y étions). Dommage, car La Bouche pleine de terre, du Théâtre Sabir, est une proposition exigeante aussi passionnante que jusqu'au-boutiste. Richard Sammut s'est ainsi attelé au poème du Monténégrin Branimir Scepanovic, œuvre charnelle et fulgurante évoquant une chasse à l'homme en pleine nature lancée par hasard, et qui se terminera de façon presque mystique. Comment figurer cette course effrénée sur un plateau de théâtre ? En plongeant le corps d'un danseur dans une scénographie sombre et ingénieuse, ce dernier matérialisant toutes les tensions du récit que deux comédiens transmettent de chaque côté de la scène (l'un s'intéressant au fuyard, l'autre aux poursuivants, Scepanovic alternant continuellement les points de vue, comme une opposition sans issue). À découvrir jusqu'au samedi 28 janvier au Théâtre 145.
AM

Vu le nombre insuffisant de spectateurs présents chaque soir, l'équipe du Tricycle a décidé d'annuler la dernière semaine de représentations.


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L’Oiseau