"Salle d'attente" de Krystian Lupa : trop jeunes pour mourir


Les idées séduisantes ne donnent pas forcément des spectacles réussis. On en veut pour preuve Salle d'attente, création de Krystian Lupa, metteur en scène polonais de renom qui a décidé de monter (très librement) le monumental Catégorie 3.1 du dramaturge Lars Norén, en version réduite (mais 3h20 tout de même), avec une quinzaine de jeunes comédiens tout juste issus de prestigieuses écoles de théâtre françaises et suisses.

Catégorie 3.1 : appellation administrative en Suède pour les exclus en tout genre – marginaux, drogués, prostitués… Une faune bigarrée que Lars Norén dépeint frontalement, avec un réalisme brut. Krystian Lupa a choisi plusieurs images de la pièce (le couple de toxicomanes en manque, le tournage raté d'un porno…) pour un rendu léché, honnête… néanmoins trop lisse.

Car quand les personnages de Norén demandent des interprètes imposants, capables de nuances, les jeunes de Lupa, à quelques exceptions lumineuses près, semblent dans la démonstration plus que dans l'incarnation, les artifices utilisés (les clopes fumées à répétition, les barbes volontairement hirsutes, les regards perdus dans le vide…) peinant à masquer le manque de crédibilité. L'exercice se transforme alors rapidement en spectacle de fin d'étude, où chacun doit avoir sa scène, son moment, son émotion. Pas inintéressant, mais cruellement décevant au vu des enjeux.


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