L'enfance nue


« Un matin, aux informations à la radio, une mesure quelconque réduisant les droits du travail est justifiée uniquement et sans états d'âme …. par les exigences du marché. Une vision du futur s'esquisse : si le marché l'exigeait bientôt… à quand les gosses à l'usine ? » écrit la metteuse en scène Geneviève Touzet en note d'intention de Johnny : une création tout public à partir de sept ans qui porte donc un discours réfléchi sur notre monde contemporain, misant sur l'intelligence des enfants-spectateurs. Une démarche louable qui, heureusement, n'empêche pas un véritable propos artistique. En partant du Renégat, nouvelle de Jack London, Geneviève Touzet a élaboré, avec un minimum de mots, un spectacle intelligent et fort sur un enfant qui doit subvenir aux besoins de sa famille en se rendant à l'usine et non à l'école. Dans une scénographie jouant habilement avec les ombres et l'obscurité, les marionnettes de la compagnie Tara théâtre, manipulées avec discrétion, placent résolument la pièce du côté de la poésie, malgré le discours. Le retournement final, où London se lance dans la promotion d'une société libérée du diktat du travail, s'en trouve renforcé : les frêles personnages, d'abord perdus dans les rouages féroces d'une société assoiffée de rentabilité qui les modèle selon ses besoins, s'envolent une fois le carcan qui les menaçait détruit.
AM


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