Comme souvent à OUI, la première approche peut déconcerter : une gigantesque maquette de paysage verdoyant avec quelques arbres, une falaise, un cours d'eau qui s'écoule, un volcan au sommeil agité de soubresauts… Que faire de tout ça ? Et comme souvent encore à OUI, c'est en observant l'œuvre d'un peu plus près, en discutant avec les médiateurs et les artistes (deux en l'occurrence, Adrien Brissonnet et Fabrice Croux) que Légèrement Sculptural livre ses clefs. Comment introduire l'univers de la maquette et ses innombrables déclinaisons (films de monstres à la Godzilla, jeux de plateforme à la Warhammer, dioramas éducatifs…) dans le champ artistique ? Tout simplement en le dépouillant à l'extrême pour lui ôter son rôle habituel de support narratif, son statut de « décor », sa véracité scientifique (que ce soit les arbres, la falaise ou le volcan, rien, ici, n'est vraiment à l'échelle) et le transformer ainsi de fait en sculpture à part entière. A la fois pied de nez à l'univers parfois trop normé du monde des Beaux-Arts, clin d'œil aux compositions de la peinture classique, et interrogation sur l'espace séparant la pratique d'atelier de l'œuvre finie et exposée, Légèrement Sculptural invite à la réflexion ludique plutôt que de chercher à imposer un discours. Cela ne facilite pas son appréhension, mais ça la rend en revanche nettement plus gratifiante.
Damien Grimbert