Cloclo

De Florent Emilio Siri (Fr, 2h28) avec Jérémie Renier, Benoît Magimel, Sabrina Seyvecou...


Pouvait-on imaginer pire idée qu'une biographie filmée de Claude François ? Non. Sauf qu'en regardant le film de Florent Emilio Siri, revenu de son Platoon (L'Ennemi intime), on se surprend à reconsidérer la question. Non que le film soit une réussite, au contraire, il fait un peu pitié. Avec son patron de biopic plus balisé que le plus stéréotypé des biopics hollywoodiens, Cloclo ne fait pas dans la dentelle. Difficile de faire plus scolaire et sérieux tant le film s'acharne à ressortir la grande trajectoire psychologique et familiale, avec le trauma paternel qui explique tout et les signes balourds du destin à n'en plus finir. L'omniprésence abusive et respectueuse du scénario n'est pas davantage aidée par le maniérisme hollywoodien un peu vain de la mise en scène. Siri est comme Cloclo (fasciné et frustré devant Sinatra qui lui doit My Way), il rêve d'Amérique, mais ne sera jamais à la hauteur. Le film a toutefois le mérite de ne pas idolâtrer son personnage et l'égratigner en insistant, lourdement, sur son perfectionnisme maladif qui le mènera vers la tombe ; le portrait en creux d'un Cloclo en chef d'entreprise pré-sarkozyste fait aussi son effet. Mais le vrai film qu'on regrette car jamais vraiment tourné, c'est celui d'une époque et sa musique. Non moins le biopic de l'homme que la star, dont on s'étonne à réévaluer les tubes en même temps que la boulimie d'énergie. La scène est toujours plus excitante que les coulisses, ici trop occupées par des acteurs au mimétisme grotesque. Jérôme Dittmar


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