L'ut final

Activiste depuis dix ans sur la scène européenne jazz, le groupe paneuropéen Das Kapital agite le drapeau rouge devant le grand capital. Une révolution orchestrée en compagnie du scatteur béarnais André Minvielle. Régis Le Ruyet


Lorsque le saxophoniste ténor allemand Daniel Erdmann, le guitariste danois Hasse Poulsen et le batteur français Edward Perraud ont, à la fin d'une jam dans la cave du dernier, décidé de transformer l'essai et de s'appeler Das Kapital, ils ne s'engageaient pas impunément sur cette voie sans arrière-pensée politique et révolutionnaire. Mais avec sans doute à l'esprit, l'idée de maintenir en vie le courant d'un jazz contestataire, en successeur de Mingus et Haden. Quant à André Minvielle, « cousin » occitan de Bobby Lapointe, et un temps associé à la Compagnie Lubat, son glanage des voix dans le but de la création d'une « sonothèque des accents de la Francophonie, des langues de France et autres langues à suivre », manifeste, chez le slameur avant l'heure, des intentions carrément civiques, pour la défense de la diversité et des particularismes régionaux. Il est donc sûr, qu'à l'invitation des Détours, les quatre individus n'ont pas été conviés pour leurs facilités à distraire. Mais plutôt pour des aptitudes à engendrer un nouveau chant du salut. D'autant plus qu'avec « Das Kapital, tout est possible » affirmait dans une interview Hans Poulsen. « Nous utilisons toutes nos expériences stylistiques. Mais sans essayer de jouer les styles selon les manuels. Nous jouons dans l'esprit de la musique improvisée, c'est à dire que nous nous permettons le droit de tout faire exister simultanément : nous pouvons jouer chacun notre tempo, chacun notre groove, chacun dans son style ». Un concert qui est également l'occasion de sensibiliser au jazz deux classes de Fontaine que prépare à monter sur scène Brigitte Calvi, enseignante à l'école de musique ; quarante enfants qui scanderont en chœur quelques couplets sur la démocratie.


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« Transformer l’essai »