Pendant les affaires, les affaires continuent

L'effervescence politique due à une certaine campagne électorale aurait fâcheuse tendance à diluer la lutte des acteurs culturels locaux contre la baisse drastique de leurs subventions. Mais ces derniers ne comptent pas lâcher le combat. FC


On se souvient de la scène en juin dernier (on y était) : une assemblée constituée de metteurs en scène, de chorégraphes, de responsables d'établissements, d'acteurs associatifs avait débarqué en masse au Conseil Général pour forcer une entrevue avec son président, André Vallini, passablement échaudé par l'initiative – au point que d'après l'un des participants du mouvement, « quelque chose s'est brisé ce jour-là ». Des promesses de gestes et surtout de concertations ont été formulées à l'endroit des acteurs culturels par le Conseil Général depuis lors, jusqu'à l'annonce en décembre d'une hausse de 4% par rapport à ce qui avait été annoncé. Seulement voilà : cette hausse est indexée sur un budget déjà en baisse de 20%, ce qui a tendance à minimiser l'impact de cette “victoire“. Dans les faits, aucune discussion n'est encore à l'ordre du jour, et l'évolution du dossier est entretenue dans un flou qu'on qualifierait d'artistique si ce n'était pas d'aussi mauvais goût. Manque en sus une orientation claire de la part de cet important bailleur de fonds dans le marasme budgétaire ambiant, à même au moins d'indiquer des voies à suivre – en d'autres termes, une politique culturelle…

Jouer les Cassandre

Concrètement, que signifient ces baisses sévères, déjà ressenties et partagées par une délégation d'acteurs culturels locaux rencontrées samedi dernier ? Déjà, un écrémage inévitable des organisations et des compagnies les plus fragiles. Pour les établissements, des spectacles en moins, des saisons qui commencent plus tardivement, l'impossibilité de soutenir des créations ou même d'enclencher des coproductions, la disparition à court terme des actions pédagogiques, des découverts pour tout le monde, la précarité à très moyen terme. Et ça, ce n'est qu'un début. L'espoir pourrait venir, selon les tutelles, de la sempiternelle arlésienne d'une potentielle compétence culturelle de la Metro (la communauté de communes de l'agglo grenobloise). Mais les acteurs culturels redoutent une stratégie du vase communiquant qui noierait le poisson plus qu'autre chose, comme ils craignent le manque de précisions quant à son efficacité réelle. En attendant des nouvelles censées arriver du front dans les jours à venir, ils restent mobilisés, solidaires, et comptent bien continuer à faire entendre leurs voix dans l'intérêt du maintien de la geste culturelle, ce bienfait indispensable aux retombées économiques multiples mais malheureusement difficilement chiffrables… on vous tiendra informés de la suite des événements, bien évidemment.


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La meilleure défense, c’est la parade