Active-moi


Entre structures de métal à l'enveloppe dépecée et tronçons d'objets posés avec fierté mais sans ménagement, l'entrée dans le Vog peut déconcerter. A la manière de si nombreuses propositions artistiques, celle élaborée ici par Rémi Uchéda fait croire au prime abord qu'il n'y a rien à voir. Amoureux de la route, du transport et des engins embrassant les distances à grands coups de vitesse (moto, avion…), il en conserve d'infimes parties qui viennent agir comme un paradoxe en soi : du plein, de l'immobile, de l'inutile. Des ponctuations de matière qui contrastent avec ses sculptures naissant d'une activation par la performance passée, laquelle est retenue dans l'objet montré et fait de lui une empreinte physique. Ici, Bernicle – drôle de nez d'avion recouvert de scotch double-face – s'est vu « pelé » après le passage des danseurs contre sa peau collante. Au cours de la danse-performance, le corps habillé a déposé et laissé ce qu'on lui a arraché avec une désarmante passivité : car la toile de colle avait été tissée en amont par l'artiste, et l'œuvre est là pour dévorer à la manière d'un insecte en créant la confrontation avec l'adhérence. Ainsi s'opère le déplacement des corps et des objets, de la chair et du sens ; dans l'approche de la sculpture comme une entité poreuse, dont l'exposition ne vaut que pour le souvenir de l'emprise du passage du vivant, de sa capture, son emprisonnement.
LG


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Ce vieux rêve qui bouge