Le monologue delermien


Théâtre musical / « J'ai un peu la sensation de payer pour les autres » expliquait en décembre dernier Vincent Delerm à l'hebdomadaire très delermo-compatible Télérama. En faisant un bref retour en arrière sur ses dix ans de carrière et le contexte dans lequel elles s'inscrivent, il faut bien admettre que le bonhomme a raison : même s'il s'est ensuite lui-même caricaturé, donnant ainsi du grain à moudre à ses contempteurs, Vincent Delerm fait partie du cercle restreint comprenant ce qu'il restera de meilleur de ces années 2000 si "nouvelle chanson française réaliste"  –  et souvent sans imagination (ah... Bénabar !).

Qu'il se mette donc à faire du théâtre (avec le regard complice de Macha Makeïeff) pour montrer qu'il n'est pas uniquement le chanteur bobo de Fanny Ardant et moi et de Tes parents avait tout de l'idée alléchante. Surtout que son univers a toujours été très théâtral, comme en témoignent ses divers concerts mis en scène avec soin. Car Vincent Delerm est un artiste réfléchi et intelligent, capable de prendre du recul sur lui-même avec humour et nonchalance.

Dans Memory, il campe donc Simon, personnage proche de l'univers de Woody Allen qui, comme dans ses quatre albums, se questionne sur le temps qui passe. En chantant par moments des morceaux inédits, composés pour le spectacle. Pour un résultat qui, s'il offre quelques beaux passages (l'hommage émouvant à la chanteuse Lhasa), tourne rapidement à vide : trop de saynètes, d'images, de clins d'œil, de démonstrations, de regards de nombril… Un exercice de style un peu vain en somme, pourtant plein de promesses sur le papier.


Aurélien Martinez


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