Après-skis


Spacejunk accueille un jeune artiste venant tout droit de l'industrie du ski. Quand on dit l'industrie du ski, on veut bien sûr parler de la partie « esthétique » de l'iceberg : la décoration des planches pour des marques avides de transformer leur matériel en objet à regarder – donc à posséder. Symptôme de cette tension entre la production de l'œuvre et sa nature marchande : les toiles exposées sont des reproductions. Elles ne sont qu'un numéro parmi une série… Et pour le coup on est loin d'une démarche à la Warhol – dont les séries avaient au moins un sens revendiqué –, mais simplement au cœur d'une entreprise de marchandisation assumée. Travis Parr est né dans le Colorado, et propose des peintures inspirées de la nature, de la montagne et des animaux qui la peuplent : ici un loup blanc menaçant, là un cerf aux naseaux fumant, et là une chèvre mastodonte perchée sur un rocher. Il le fait avec une certaine technique, quelques touches d'imagination peu heureuses, et des couleurs assez fades – essentiellement orientées vers une déclinaison de bleus : du ciel, de la mer, du froid. Mais c'est peu dire que l'on préfère quand Spacejunk s'aventure du côté de la découverte d'artistes du street art libres et affranchis d'une quelconque emprise commerciale.

Travis Parr, jusqu'au 5 mai à Spacejunk


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