Mortel combat


La Mort de Danton est un monument théâtral du XIXe siècle, écrit par Georg Büchner, l'un des dramaturges allemands de renom malgré sa très faible production (tout juste trois pièces), du fait de sa mort à vingt-trois ans du typhus. L'auteur s'intéresse ici à la Révolution française, à travers la figure de Danton qui sera condamné à mort par Robespierre au nom de l'implacable Terreur. Sur cette partie de l'histoire encore largement commentée aujourd'hui, Büchner a son avis, puisqu'il déplore le bain de sang au nom de la Révolution, mais n'accuse pas, relatant les faits avec ses mots et sa vision. « La Révolution, comme Saturne, dévore ses propres enfants. » Toute la pièce est construite autour de cette fin inéluctable (les amis de Danton le pressent de fuir, ce que lui refuse). Georges Lavaudant, metteur en scène star qui passa par le Centre dramatique national des Alpes et la Maison de la culture à la fin des années 70, s'attelle de nouveau à ce texte qu'il avait déjà monté en 2002. Toujours avec une certaine maestria dans la mise en scène et la direction d'acteurs (notamment les excellents Patrick Pineau en Danton et Gilles Arbona en Robespierre - photo), pour un spectacle de 3h qui, malgré quelques effets dispensables (le coup de guillotine final par exemple, surdramatisé), rend justice à cette œuvre maîtresse de Büchner.

Aurélien Martinez


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