Virtuel dans le réel


Le collectif BSNP (autoproclamé « à dimension variable ») mène un projet ambitieux : interroger la matérialité des œuvres élaborées sur un support virtuel. Pour cette première exposition présentée au Centre d'Art Bastille (lieu élu pour en accueillir d'autres), douze artistes présentent chacun une œuvre mettant en évidence (étymologiquement : donnant à voir) un processus numérique habituellement invisible, ou à l'inverse, promulguant la surface internet comme lieu de création de « sculptures ». Ainsi de quelques travaux montrés sur ipad, où les symboles évoquant Youtube ou Facebook sont détournés pour voguer seuls au milieu d'une page blanche, dénués de toute utilité, transformés en message d'interrogation. L'exemple qui nous semble le plus probant en termes de traduction matérielle d'une action numérique est celui proposé par l'Américain Jacob Riddle : sur deux colonnes, deux piles de feuilles entièrement recouvertes de codes chiffrés montrent le contenu d'un simple clic d'appareil photo - explicite et radical. La dernière salle s'acquitte quant à elle du côté plus directement spectaculaire de l'entreprise, en plongeant le visiteur dans une expérience de déspatialisation sympathique à vivre. Un sol recouvert de miroirs, sur lesquels se reflète une vague Windows pastel, aspire les murs et démultiplie la sensation d'espace. Une démarche plus esthétique que cérébrale, qui conclut un parcours aux questionnements divers et enrichissants. LG


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« Une démarche politique »