Let's dance

Initié par le Pacifique, l'évènement "Concentré de danses" propose, sur une semaine, plusieurs créations autour... de la danse ! Avec notamment la venue du chorégraphe Yuval Pick. Aurélien Martinez, avec Jean-Emmanuel Denave (sur Yuval Pick)


Un nouveau festival à Grenoble, ville déjà bien fournie en la matière ? Non, plutôt « un temps fort » explique l'équipe du Pacifique, qui, dans la lignée du concours [re]connaissance qu'elle a impulsé, évoque « la suite du développement de ses missions de Centre de développement chorégraphique ». Un CDC avant tout présenté comme « un lieu de fabrique et d'accompagnement pour les compagnies de danse contemporaine ». Il ne rentre donc pas dans la case des salles classiques principalement centrées sur la diffusion de spectacles, activité qui permet au grand public d'identifier un établissement culturel. Ce Concentré de danse offre ainsi de la lumière à une structure grenobloise méconnue. Sur cinq soirs, en partenariat avec l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix (qui accueillera un spectacle), le public pourra découvrir des propositions originales, pensées par des artistes atypiques. Notamment Julyen Hamilton, performeur et chorégraphe de renom qui travaille beaucoup sur l'improvisation ; Agnès Izrine, ancienne danseuse devenue rédactrice en chef du magazine Danser ; ou encore Yuval Pick, chorégraphe israélien qui vient de succéder à Maguy Marin à la tête du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape.

« Haute tension »

Pour sa création Score, Yuval Pick, ancien danseur de Ohad Naharin, Russel Maliphant, ou encore du Ballet de l'Opéra de Lyon, est retourné dans sa ville natale, Tel Aviv, et a voyagé en< Israël. Il confie avoir, à cette occasion, redécouvert son pays : « J'ai été frappé par la densité de la population et par la méconnaissance mutuelle de ses différentes composantes. Les rapports entre les gens là-bas sont aigus. » La danse de Yuval Pick est, elle aussi, aiguë, physique, percutante. Dans Score, elle colle à une bande sonore constituée du tumulte des rues, de témoignages et de musiques diverses enregistrés en Israël, et tente de restituer cette formidable pulsion de vie qui traverse cette partie du monde malgré la guerre. Trois jeunes (et très bons) danseurs se frottent à l'univers rude et organique du chorégraphe : ils exécutent des courses dispersées puis « rembobinées » sur un morceau de cold wave, se resserrent violemment en grappes emmêlées, ou, dans une ambiance techno, s'adonnent à des motifs plus répétitifs, saccadés et mécaniques... « On sent [en Israël] des énergies vitales à haute tension, des sensations fortes d'urgence, de survie, qui ne sont pas encore transformées. » La pièce de Yuval Pick transmet ces affects « bruts » en une mosaïque dénuée volontairement de dramaturgie, directement des corps des danseurs à ceux des spectateurs.

Concentré de danse, du lundi 21 au vendredi 25 mai, au Pacifique et à l'Amphithéâtre.
Score, de Yuval Pick, lundi 21 mai à 20h, au Pacifique


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